In Nomine JogJakartus, Hammarbergem, et Transidentitum, Amen.

Ladies and gentlemen, sous vos yeux ébahis : L'INDISCUTABLE VÉRITÉÉÉÉÉ !!!! (Et on l'applaudit bien fort merci.)

Ladies and gentlemen, sous vos yeux ébahis : L’INDISCUTABLE VÉRITÉÉÉÉÉ !!!! (Et on l’applaudit bien fort merci.)

Voila quelques temps maintenant que je me tiens confortablement à distance du « lobby trans » qui ne me manque pas spécialement. Mais la lecture récente d’un article couplé à l’écoute d’un podcast m’ont fait prendre conscience de quelque chose par rapport à ce petit milieu je crois. Je ne sais pas si c’est intéressant, mais je le partage quand même ici, puisque je pense que le lectorat de ce site est finalement directement concerné.

Je n’aime pas beaucoup les religions ; ce n’est que mon avis perso, donc à la rigueur on s’en fout. Pourtant, je viens de me faire la réflexion que pas mal d’entre nous (je ne m’en exclus pas) ont sans forcément s’en apercevoir une approche strictement religieuse des histoires d’identité de genre.

Au fil de mes lectures, je viens de tomber sur un pamphlet de style 100% religieux qui se targuait pourtant d’être une sois disant « analyse ». Du genre qui n’apporte rien et ne tolère rien d’autre que la croyance unique à laquelle il se rapporte, de façon assez intégriste. Un texte qui ne s’encombre pas vraiment d’argumentation, et qui ne s’appuie que sur des textes sacrés afin de justifier son propos, et de tenter vainement d’orienter l’avis des lecteurs (& auditeurs) qui pour la plupart n’ont rien lu de ces textes et ne les liront jamais parce qu’ils s’en contrefoutent. (Et ont bien raison).

Des versets prétendument clairs (mais pourtant parfaitement obscurs pour le commun des mortels) sont cités ça et là, dans l’espoir de prouver que celui ou celle qui le cite a indiscutablement raison. « Raison » en comparaison de tous ceux qui ne reconnaissent pas la légitimité dudit texte, et qui sont donc forcément soit dans l’ignorance soit dans l’erreur la plus absolue.

La dévotion totale de celui qui cite ces textes envers l’idéologie qu’ils sont sensée illustrer suffirait donc à conférer audit texte (et donc à ladite idéologie) un indiscutable véracité, et (donc) le droit d’influer « légitimement » sur l’ensemble de l’humanité au nom de cette foi.

Pourtant ces bibles pleines de bonne volonté, ont bel et bien été accaparées par des personnes humaines. Qui se les sont réappropriés afin de les transmettre, les inculquer, voire les imposer légalement aux autres en fonction de ce qu’ils en ont compris, et de la façon dont ils les ont interprétées. (Et sans doute en fonction d’intérêts inconsciemment personnels, mais pourtant sincèrement envisagés comme étant ceux de l’humanité entière).

Ce clergé bienveillant a de plus en plus de fidèles : Des gens divers dont certains souffrent beaucoup, dont d’autres sont un peu perdus, ou influençables, et qui ont besoin de croire que tout peut un jour aller mieux. Que leur monde sera sauvé. Mais la bonne parole prétend que ça doit bien entendu passer par la soumission de chaque humain à une « loi » ferme et unique sans laquelle rien ne peut fonctionner. Des fidèles qui – à la simple lecture de cette « loi possible » (terre promise?) qui leur donne tant d’espoirs, se prosternent sans plus poser (ni SE poser) la moindre question, puisque Dieu et l’élite de l’Église ont déjà réfléchi pour eux et à leur place.

Ces intouchables et indiscutables textes sacrés sont (par exemple) les principes de Jogjakarta, ou les 12 recommandations d’Hammarberg.

J’imagine fort bien que la récente doctrine qui s’appuie sur ces ouvrages n’a sans doute été conçue qu’à des fins honorables, pour aider l’humanité et la société toute entière. (À moins que ça n’ait pour unique objectif que de faciliter la vie à la poignée de trans qui se sentent concerné(e)s. Pour qu’elles se sentent enfin plus légitimes, protégées, libres, moins coupables d’être ce qu’elles sont, de penser ce qu’elles pensent, ou d’avoir le parcours qu’elles ont. Et ce, au détriment des convictions intimes de beaucoup d’autres gens – y compris d’autres trans qui par contre ne se sentent absolument PAS concernées).

Les douze commandements d’Hammarberg sont brandis par certain(e)s comme un éclairage absolument sans appel. Une avancée irréfutable d’une légitimité absolue.

Pourtant, la recommandation citée dans le texte qui a déclenché ma « réflexion » (en l’occurrence la 5 : Remboursement intégral de tous les soins attenants à une transition par la CPAM) me parait personnellement injuste pour les autres et donc très discutable – même si il est évident que ça m’arrangerait bien à titre personnel que cette loi soit en place. J’estime avoir le droit de penser objectivement que c’est injuste et discutable, et de l’exprimer.

Mais en fait, non. Si on ne croit pas au texte, le reste s’effondre, puisqu’il n’y a désormais même plus l’effort d’une argumentation. Du coup, toute remise en question desdits textes est devenue inconcevable et éliminatoire.

C’est donc en lisant et écoutant ce tas d’affirmations péremptoires ne reposant finalement que sur de la « foi », qu’un paquet de paradoxes m’ont sautés au visage : J’ai vu une doctrine qui prétend œuvrer pour la tolérance (et qui la réclame des autres à corps et à cris), mais qui se montre elle-même d’une intolérance et d’un dédain de l’autre incommensurables.

J’ai vu une Église minoritaire qui se réclame d’une ouverture d’esprit absolue, et qui pourtant est incroyablement cloisonnante et cloisonnée, tout en tentant à tout prix d’uniformiser la pensée des gens à l’image de la sienne.

Un clergé résolument manichéen, alors qu’il se défend généralement assez farouchement de toute « binarité ». Opposant ceux qui pensent comme lui (et qui ont donc « tout compris » et sont les « gentils », les garants de la liberté) à ceux qui pensent différemment (et sont donc automatiquement catégorisés comme des ennemis de la justice, les opposants aux droits humains : Des « coupables », à raisonner ou convertir. Voire à écarter ou à bannir).

C’est pourquoi j’ai eu l’impression de voir à travers la forme et le fond de ces discours une énième croyance qui divise en prétendant rassembler, au même titre que n’importe quelle autre religion.

Je précise que personnellement, je suis dans l’ensemble plutôt d’accord avec les recos d’Hammarberg, ou les principes de Jogjakarta, et avec celles et ceux qui portent ces textes. C’est par contre ce qu’est devenu notre façon de considérer ces textes et de les diffuser qui m’a amenée à ce constat un peu gênant.

Je m’estime (de façon certainement très prétentieuse) assez bien placée pour parler de cet état « d’illumination », puisque ayant longtemps été confite dans la doctrine en question, j’ai tenu sensiblement les mêmes discours quasi-religieux. (Au point d’accoucher d’un site sur la question que je ne laisse en ligne qu’afin de bien me souvenir de ce que j’ai été capable de penser et d’écrire sous l’emprise de ce que je considérais alors comme une inaltérable vérité absolue. J’avoue en avoir plutôt honte aujourd’hui).

Le problème est que celles et ceux qui estiment encore qu’Hammarberg reste « discutable » deviennent « personas non gratas » dans certaines confréries de trans sous prétexte qu’elles ont forcément raté des épisodes. Ou (si elle n’en ont manifestement raté aucun), elles sont donc ennemi(e)s de la liberté et des droits humains dans la tête de certain(e)s. C’est en cela qu’il me semble que tout ça n’a plus rien d’un débat constructif, ouvert et évolutif, mais que ça prend de plus en plus l’allure d’une guerre de religions scriptée, et de plus en plus fermée.

Pour résumer, je supporte de moins en moins de voir systématiquement certain(e)s (au même titre que les 3 monothéismes ou n’importe quel parti politique qui fonctionnent aussi comme ça) confondre leur foi intime avec un savoir qui devrait s’imposer à TOUS. De les voir sans plus rien argumenter se contenter de brandir des textes dans lesquels tout est déjà écrit, et auxquels il ne reste donc plus qu’à croire & obéir.

Vous vous demandez bien pourquoi je viens parler de ça ici  – dans la mesure où manifestement j’en ai plus grand-chose à foutre de ces problématiques, et qu’en plus je reconnais volontiers que je ne m’exclus même pas de ce triste fonctionnement ?

Je me demande aussi…

Sans doute parce qu’il est toujours très désagréable de s’apercevoir que si je ne parle plus de ma propre foi (qui ne vaut pas mieux que celle des autres – mais pas moins non plus), d’autres prendront mon tour pour dire leurs conneries à ma place, voire même prétendument « en mon nom ». Et que quand c’est fait d’une façon qui me déplait fortement, mon ego démesuré et mon esprit chafouin ne peuvent s’empêcher de s’en offusquer, et de faire une petite mise au point.

(Je crois que je suis une vilaine. Pardon).

« Mariage pour tous »

700-211054-Diplôme du mariage pourri

Même si je trouve personnellement que l’homosexualité n’a strictement aucun rapport avec la « transidentité », je remarque que dans la mesure où un T et un I ont étés depuis peu accolés au LGB,  je me retrouve d’office étiquetée dans ce truc.

Et en tant que « transgenre », je me retrouverais possiblement par rebond à la même enseigne que les Gays d’un point de vue légal concernant le mariage si jamais j’avais eu le malheur d’être attirée par les mecs.

C’est pourquoi je me fends de ce petit article. (Qui est en fait trèèèès long, pardon).

***

Le 2 février 2013, la France a adopté le premier article de la loi pour le « mariage pour tous ». Cela a occasionné un certain nombre de manifestations et de réactions de la part de nombreux opposants. (Manifestations qui continuent pour que la loi soit supprimée alors qu’elle est désormais adoptée par l’Assemblée Nationale).

J’ai relevé 10 arguments récurrents des opposants à cette loi. (Le 10e est étrangement moins mis en avant, alors que c’est pourtant à mon humble avis le plus récurent de tous.)

1- Nous sommes TOUS issus d’un père et d’une mère.

2- Le mariage, ça signifie la FAMILLE et deux homos ne peuvent par essence PAS fonder de famille.

3- Marier deux personnes du même sexe est CONTRE-NATURE tout comme la PMA ! (négation d’une réalité biologique INCONTESTABLE).

4- Marier deux personnes du même sexe est MORALEMENT indéfendable.

5- L’enfant n’est pas un DROIT : Un enfant a absolument besoin d’un père et d’une mère pour s’épanouir NORMALEMENT et de façon ÉQUILIBRÉE.

6- Je ne veux pas que MES enfants soient incités à l’homosexualité par les manuels scolaires !

7- « Si on commence à marier des homos, on finira par marier des ANIMAUX ensemble », (d’après Me. Christine Boutin) ou pire : Les membres d’une même FAMILLE ! Le père et le fils !!!

8- Si on légalise le mariage pour tous, il n’y a pas de raisons qu’on ne légalise pas la polygamie ! (D’après M. Alain Soral).

9- Il n’y a pas eu de RÉFÉRENDUM ! Et c’est naturellement avant tout aux FRANÇAIS de décider de ce genre de changement qui va irrémédiablement bouleverser TOUTE la société !

10- Et (plus simplement) je suis CONTRE le mariage de deux personnes du même sexe car cela ME dérange profondément et viscéralement.

J’ai fais le choix d’énumérer les arguments les plus tangibles et d’éliminer les « bondieuseries » manifestes que n’importe quel enfant serait capable de démonter facilement. J’ai fini par comprendre que ça ne servait généralement à rien de tenter de débattre logiquement avec des religieux illuminés dont les repères sont Adam et Eve,  ou la vérité indiscutable d’un message prophétique entre autre pensées et superstitions magiques. Je laisse ça à ceux que ça amuse encore et qui en ont le temps. (Même si je tolère naturellement les gens qui ont besoin d’un dieu pour régir leur propre vie – tant qu’ils n’en font pas une loi pour régir également la vie des autres, et y compris celle des non-croyants.)

Personne ne m’a demandé mon avis à moi sur cette question du mariage pour tous. C’est très injuste dans la mesure où je subis les avis de tout le monde dès que j’allume Internet ou une télé. J’en suis fort agacée à la longue, et je vais donc m’empresser de vous infliger ma petite opinion!

Pour cela, je vais reprendre chacun des arguments que j’ai pris la peine de lister plus haut, avant de terminer par ma conclusion personnelle sur ce sujet qui me fatigue au plus haut point.

1- Nous sommes TOUS issus d’un père et d’une mère.

C’est indiscutable, même si cela n’a strictement aucun rapport avec le mariage, et que cela est donc complètement hors sujet.

Car nous étions déjà tous issus d’un père et d’une mère bien avant que l’idée même de mariage ne soit inventée par les prêtres ou la législation. C’était déjà le cas à la préhistoire, et même un peu avant, du temps ou nous mangions encore des bananes dans les arbres. C’est la société et la culture qui nous ont apporté le concept du mariage, et qui l’ont rendue indissociable de la reproduction et de l’idée de famille d’un point de vue purement moral et culturel. Ce prétendu argument qu’on voit sur les banderoles n’a donc strictement rien à voir avec le concept de mariage. Donc déjà, ça, ça dégage.

 

2- Le mariage, ça signifie la FAMILLE. Et deux homos ne peuvent par essence PAS fonder de famille.

C’est tout à fait exact. Et deux gays ou deux lesbiennes ne pouvaient par essence pas fonder de famille PRÉCISÉMENT parce que  la loi le leur avait interdit jusqu’ici, sinon, ça serait fait depuis longtemps. Mais à présent que le mariage est accessible à tous, rien ne les empêche plus de fonder une famille, à condition qu’on légalise également la PMA  et l’adoption d’enfants (pour celles et ceux qui n’en ont pas déjà). Cet « argument » va donc très possiblement devenir aussi faux que les autres dans le futur, et il ne reposait que sur la supposition qu’une situation d’injustice légale subie depuis toujours détermine l’essence et la normalité des choses.

 

3- Marier deux personnes du même sexe est CONTRE-NATURE tout comme la PMA ! (Négation d’une réalité biologique INCONTESTABLE).

La nature est toujours un argument SUPER pratique et intéressant, car elle est tellement variée et diverse que l’on peut toujours arriver à lui faire dire à peu près ce qu’on veut. L’homosexualité est observée chez nombre d’espèces animales dans la nature, ainsi que la masturbation, l’hermaphrodisme, l’infanticide, le parricide, l’inceste…

Et si jamais on s’amuse à regarder les végétaux (qui sont globalement la forme de vie DOMINANTE sur notre planète après les insectes), ça devient vite de la folie car on observe chez eux des modes de reproduction et une diversité des genres « sexués » encore plus variable et complexe.

Je ne vais pas jouer à lister tout ça auprès de gens qui (de toute façon) ne verront assurément que ce qu’ils ont décidé de voir. Mais l’homosexualité et la diversité des genre sexués est indéniablement présente dans la nature que ça nous plaise ou non.

Je veux bien – à la rigueur – me cantonner aux animaux les plus évolués pour faire le lien plus tangible entre l’humanité et la « nature », faute de quoi, je pourrai même expliquer qu’attaquer ses gosses (ex : lions), décapiter son partenaire après l’accouplement (mantes) ou le bouffer (araignées) peut être parfaitement observé comme comportement au sein de la « nature » dont il faudrait peut être s’inspirer?

Donc si on se réfère précisément aux comportements sociaux des grands singes, et des mammifères les plus évolués, (dont nous descendons le plus directement), on constate que les rapports homosexuels sont encore plus présents qu’ailleurs.

On constate aussi que bien souvent, les jeunes primates (abandonnés ou orphelins) sont adoptés, élevés, et socialisés par la communauté, qui n’est donc pas forcément constitué des deux parents biologiques.

Et pour aller plus loin sur cette histoire de trucs « naturels » et « pas naturels », je ferai remarquer que la médecine et la technologie en général, sont parfaitement « contre nature », et ce, quelle que soient les étiques qui les utilisent. (Et ça aussi c’est une réalité biologique incontestable : les chimpanzés les plus évolués de la terre n’ont jamais construit d’ordinateurs et n’ont pas recours à la péridurale pendant leurs accouchements : Ce n’est donc pas « naturel »).

Concernant la PMA, je mentionnerai bien volontiers le mode de reproduction de certaines fleurs, qui nécessite pour leur survie une exclusive pollinisation par les insectes. (Ce qui revient donc très exactement à une reproduction assistée « naturelle »). Mais comme les fleurs ne sont pas des grands singes, tout ça ne compte pas vraiment bien sur…

Il me semble donc, aux vues de ces constatations, que jouer à brandir « la nature » pour définir et déterminer ce que devraient être ou non NOS comportements est systématiquement très bancal. Et ce, quel que soit la position que l’on essaye de défendre. Car à moins de vivre à poil dans la forêt, sans vaccins ni assistance médicale lors des accouchements, et de crever à 25 ans du 1er virus qui traîne comme au « bon vieux temps », il me semble compliqué d’être vraiment cohérents avec l’idée de « nature » et de « réalité biologique incontestable ». Sans doute parce que l’humanité toute entière est justement un mouvement qui n’a eu de cesse que de chercher à s’éloigner de la nature pour se libérer de ses contraintes, (voire même de SA nature qui plus est) – jusqu’à justement décréter sans plus pouffer de rire que deux spécimens humains ne pouvaient dorénavant se reproduire en toute bienséance que dans les liens sacrés d’un mariage par exemple.

 

4- Marier deux personnes du même sexe est MORALEMENT indéfendable.

Tout comme marier une personne de 18 ans à une personne de 70ans d’ailleurs, mais j’imagine qu’il faudrait commencer à légiférer sur ces unions scandaleuses ? Car nombre de mariages totalement IMMORAUX sont aujourd’hui pourtant parfaitement légaux et célébrés quotidiennement sans que cela n’engendre aucune manifestation indignée.

Certains feront remarquer que la morale est relative à la culture. Dans certains pays, (effectivement) il est parfaitement moral et normal de marier une fillette de 12 ans avec un homme qui en a 30. Ou d’envoyer les bambins travailler à l’usine. De violer une femme impunément. Légiférer et opprimer au nom d’une divinité… Nous ne faisons d’interventions « morales » dans ces pays que si il y a un petit profit à la clé, auquel cas le « droit d’ingérence » se transforme soudain en « droits de l’homme ». C’est marrant comme la moralité occidentale est justement évolutive selon le profit personnel qu’il y a à faire ou non…

La culture française ayant indéniablement évolué durant le siècle dernier, il est peut être grand temps que la loi (et la morale attenante) évoluent de concert, afin de ne pas se retrouver complètement en décalage avec la réalité sociale tangible des gens ? Certes, cela sera probablement long et difficile à accepter pour les personnes restées bloquées à une époque antérieure, sur des idées et des principes d’autres temps, et dans certains milieux. (Ou aux personnes désireuses d’importer et imposer leur propre identité culturelle religieuse, morale et communautaire dans un pays aux mœurs différentes, au lieu de tenter de s’adapter aux lois et à la culture dudit pays.)

Je ferai remarquer que ces personnes qui manifestent encore dans les rues (bien que faisant incontestablement partie de la société) ne sont finalement PAS PLUS représentatives de la société que ceux contre lesquels ils se dressent si farouchement.

Par contre, dans la mesure où ils refusent délibérément de simplement constater et reconnaître l’évidente évolution sociale du pays au nom de leurs propres valeurs aveuglantes, il me semble que ce sont EUX qui se retrouvent finalement inadaptés, avec des comportements typiques d’indépendantistes communautaires en décalage TOTAL avec la réalité.

 

5- L’enfant n’est pas un DROIT : Un enfant a nécessairement besoin d’un père et d’une mère pour s’épanouir NORMALEMENT et de façon ÉQUILIBRÉE.

Je me pose souvent la question de la définition de l’enfant ? Ici, nous avons l’affirmation de ce qu’il n’est pas. Alors bien sur c’est bien joli de faire des phrases, et de les écrire sur des banderoles, mais ça veut dire quoi ? C’est quoi la définition de l’enfant ? Un devoir ? Une chance ? Un malheur ? Une ressource ?

Je trouve très intéressant (et paradoxal) de lire et d’entendre que l’enfant n’est pas un droit dans la mesure où l’enfant ouvre justement en France nombre de droits sociaux et fiscaux aux parents qui l’engendrent. (Tout comme le mariage). Ainsi qu’une distribution d’allocations prélevées à la communauté toute entière, y compris des homos. (Homos qui n’ont – de fait – aucun retour et passent leur vie à « financer » les enfants des autres).

Allocations « d’encouragement et de soutien » versées lorsque deux parents qui n’ont manifestement pas les ressources suffisantes pour faire un gamin décident malgré tout d’engendrer un énième chômeur au nom de je ne sais quoi. (La « nature » certainement – car ça ne peut décemment pas être au nom de la logique ou du bien de l’enfant).

Il me semble d’ailleurs que dans la mesure où l’enfant est une entité tellement « sacrée », il devrait être interdit au mâle et à la femelle qui l’ont engendré de se séparer. Le divorce me semble donc être une loi tout aussi contre nature que le « mariage pour tous », puisque ce sont les enfants qui trinquent, et qu’ils ont (parait il) ABSOLUMENT besoin d’être élevés dans les meilleures conditions qui soient, par un papa et une maman qui s’aiment, sans quoi ils deviendraient assurément fous ?

De plus, il est très important de souligner que ce n’est jamais facile d’être l’enfant d’un couple d’homos ! Imaginez un peu le jugement des autres, les quolibets à l’école, et la souffrance qui découle de se ressentir fondamentalement anormal ? Ce n’est pas une vie pour un enfant !

Alors bien sur, il pourrait être intéressant de faire remarquer que ces jugements, ces quolibets, ces moqueries et ce sentiment d’anormalité ne sont précisément relayés QUE par les gens qui ont justement un problème avec le concept de famille homo-parentale. Et qu’à partir de là, ce sont précisément CES personnes qui sont les SEULS et uniques facteurs de souffrance des enfants en question, tout en prétendant la dénoncer. (Mais mieux vaut les laisser continuer à croire qu’ils œuvrent pour le bien des petits enfants, en entretenant la haine et l’oppression sur la différence de leurs parents.)

 

6- Je ne veux pas que MES enfants soient incités à l’homosexualité par les manuels scolaires !

Car il est bien entendu évident que les manuels INCITERONT fortement les petits enfants et les ados à l’homosexualité du simple fait qu’il y sera inscrit que cette possibilité existe. Nos enfants sont forcément stupides : Ils deviendront automatiquement hétéros, gays ou trans parce que le terme et le concept est mentionné dans un livre, et non parce qu’ils se reconnaîtront intimement dans ces identité. D’ailleurs, toutes les personnes hétéros risquent de devenir soudainement homosexuelles depuis l’adoption de cette loi, et c’est justement sans doute pour ça qu’ils défilent dans la rue : ça commence à les travailler au niveau du slip j’imagine. QUE FAIT LA POLICE ?

Notons au passage qu’il suffirait de supprimer l’homosexualité et la théorie des genres des manuels scolaires pour les LGBTI soient également miraculeusement effacés de la réalité! (Hop, pensée magique!)

Les manuels scolaires n’ont pour fonction que d’essayer d’informer et d’apprendre la notion du respect de l’autre aux enfants. Vouloir préserver à tout prix la combinaison [ignorance + intolérance] en lieu et place de la combinaison [connaissance + tolérance] me parait aussi débile que ceux qui le proposent.

7- Si on commence à marier des homos, on finira par marier des ANIMAUX ensemble, (d’après Me. Christine Boutin) ou pire : Les membres d’une même FAMILLE !

Christine Boutin souligne avec brio à quel point ça va vraiment finir par devenir n’importe quoi l’institution sacrée du mariage. Bon, alors évidemment, certains rétorqueront (avec une certaine mesquinerie) que Me. Boutin s’est mariée à son propre cousin. Alors que normalement elle n’avait pas trop le droit, et que c’est pas très catholique tout ça.

Mais bon vous comprenez bien que pour elle, c’était bien sur différent. Eh oui ! C’est pourquoi notre bon clergé lui a probablement accordé une petite dérogation spéciale rien que pour elle, en remerciement de l’énorme service qu’elle rend à notre chère nation…

Qu’elle ne soit pas capable elle-même d’appliquer dans sa propre vie privée les principes DE BASE qu’elle veut absolument imposer dans la vie intime des autres n’est qu’un détail apparemment. Ce qui compte vraiment, c’est qu’elle incarne à elle seule tout le crédit de la moralité et de la religion pour légiférer sur le droit des français à disposer (ou non) de leur propres culs. En brandissant (s’il vous plait!) une bible dans notre Assemblée Nationale prétendument laïque, et ce, alors qu’elle a elle même engendré plus ou moins secrètement des enfants congénitaux avec un membre de sa propre famille.

Tout ça est manifestement très sain et d’une logique implacable !

 

8- Si on légalise le mariage pour tous, il n’y a pas de raisons qu’on ne légalise pas aussi la polygamie. (D’après M. Alain Soral).

Je pense que M. Soral a démontré dans cette phrase toute la tolérance et l’ouverture d’esprit dont il est secrètement capable de faire preuve. Et pour cela il mérite un gros bisou.

Il a d’ailleurs précisé qu’il avait apparemment plusieurs propositions d’admiratrices désireuses de devenir ses prochaines épouses secondaires, donc il me semblerait tout à fait naturel qu’il ait légalement le droit de les épouser en France. Je n’y vois personnellement rien de choquant.

Tout comme il me semblerait parfaitement naturel que la femme de M. Soral puisse bien évidemment en retour devenir polyandre, et épouser tous les messieurs qui lui plaisent, et consommer autant de mariages qu’elle veut, sans modération. Il y a fort à parier que ça leur ferait d’ailleurs réciproquement le plus grand bien de pouvoir varier les partenaires de façon bien assumée et en toute légalité.

La polygamie me semble donc être une loi tout à fait acceptable, à condition qu’elle ne soit pas à sens unique et qu’on la considère de façon cohérente : C’est-à-dire vraiment pour tous mais naturellement AUSSI pour TOUTES, c’est à dire accompagnée de la légalisation logique de la polyandrie).

 

9- Il n’y a pas eu de RÉFÉRENDUM ! C’est aux FRANÇAIS de décider de ce genre de changement qui va irrémédiablement bouleverser TOUTE la société !

Je crois effectivement qu’un référendum est nécessaire pour toutes les questions de société de cette ampleur !

Il m’aurait par exemple paru très très trèèès intelligent que les français soient consultés  le 27 avril 1848, lorsque le gouvernement (PROVISOIRE en plus !!!) de la deuxième république a décrété arbitrairement l’abolition de l’esclavage en France, alors que cela allait RUINER irrémédiablement nombre d’influents industriels et de bourgeois qui auraient certainement bien aimé s’exprimer là dessus ! Si les français (tellement pleins de bon sens) avaient eu leur mot à dire à ce moment là, il est certain que les choses ne se seraient peut être pas passées comme ça.

C’est pourquoi je pense que concernant le mariage pour tous, il serait normal de faire entièrement confiance à la grande intelligence du peuple français et à l’immense sagesse de nos compatriotes zélés, qui (bien cachés derrière le très pratique anonymat d’un vote secret) s’exprimeraient certainement volontiers à cœur ouvert sur le retour au droit gratuit d’opprimer le voisin.

Mais dans la mesure où le sujet serait la remise en question du « mariage de tous », il serait donc parfaitement naturel de réellement aborder la rectification du mariage POUR TOUS les français précisément, non ?

– Doit on laisser le droit de se marier à deux personnes de même sexe ?

Certes, c’est une chose. Mais en tant que « bon français » pensez vous également en votre for intérieur qu’on doive :

– laisser le droit de se marier à deux personnes incapables d’enfanter ?

– laisser le droit de se marier à deux personnes ayant plus de 25 ans d’écart ?

– laisser le droit de se marier aux handicapés ?

– laisser le droit de se marier aux pauvres ?

– laisser le droit de se marier aux moches?

– laisser le droit de se marier aux alcooliques et aux drogués?

– laisser le droit de se marier aux personnes ayant un casier judiciaire ?

– laisser le droit de se marier aux femmes qui ne sont plus vierges ?

– laisser le droit de se marier en France aux personnes de nationalité étrangère ?

– laisser le droit de se marier aux personnes de couleur ?

– laisser le droit de se marier aux juifs et aux musulmans ?

– laisser le droit de se marier aux hétéros ?

… etc.

(T’inquiètes, je vais t’en « proposer », moi, des référendums!)

Il y aurait PLEIN de sujets de société à aborder lors de cette révision globale du mariage de tous, et il est certain que les résultats d’un tel référendum seraient très intéressants à lire étant donné la diversité d’identités socioculturelles dont s’enorgueillit si souvent notre si beau pays. (Les réponses fleureraient bon la sagesse populaire à n’en point douter !) Et ça serait une bonne bouffée d’ « humanité » qui réchaufferaient surement le cœur de chacun !

Et ça serait même encore plus intéressant d’essayer d’ensuite APPLIQUER ces résultats! (Au nom du sacrosaint principe« démocratique » bien sur).

 

10- Je suis CONTRE le mariage de deux personnes du même sexe car cela ME dérange profondément et viscéralement.

Si une personne se trouve dégoûtée par l’idée de se marier avec une personne du même sexe, je lui conseille vivement de plutôt se marier avec une personne du sexe opposé. Car cela ne changera du coup strictement plus rien pour elle au final. (J’informe ceux à qui ça aurait échappé que le mariage hétéro reste justement inclus dans le mariage pour tous !)

Seulement la voila la seule VRAIE raison dont découlent toutes les autres : La petite haine sourde qui murmure dans les têtes, la vexation minable de voir une caste « d’anormaux inférieurs » accéder soudain aux mêmes droits que ceux des gens « normaux bien comme il faut ».

Que les « tolérés » accèdent aux droits des (prétendus) « tolérants ». Parce que finalement c’est bel et bien CA l’unique chose qui va changer pour eux en fait : Il devient plus difficile d’opprimer des gens dont les droits seront sensiblement les mêmes !

La peur de voir l’inférieur arriver à égalité. Parce que les voir soudain a égalité, ça donne l’impression « d’être rattrapés » et donc l’impression de perdre du terrain. Mais c’est faux. Il n’y a RIEN de perdu. Ce gâteau là, contrairement aux autres, il y en a pour tout le monde! Vous avez l’impression que vous allez en manquer parce que vous êtes habitués à ce qu’on ne vous le distribue qu’à vous… Mais il y en a une part pour chacun et chacune pourtant. (A moins qu’on ne puisse un jour devenir « plus égal » qu’un autre…)

***

Mon avis sur tout ce cirque ?

A titre strictement personnel, je trouve que ce sont les idées mêmes du mariage et de la fidélité qui sont « contre natures », ainsi que de continuer à dangereusement proliférer alors qu’on en a déjà 9 milliards d’humains sur Terre. La planète étouffe au sens propre, et on court à un désastre écologique sans précédent. (La plupart des scientifiques prédisent que l’humanité risque immanquablement de disparaitre définitivement si les naissances ne sont pas rapidement limitées).

Pourtant, je pense que les LGBTI doivent – comme n’importe qui – avoir le droit de choisir de ne PAS se marier. Et pour ça il faut au départ qu’ils et elles en aient la possibilité. Il me parait également primordial de leur reconnaitre le droit d’élever (aussi mal que n’importe que hétéro de base) leurs propres enfants, ou des enfants adoptés, ou obtenus par PMA. Le droit de contribuer pleinement au désastre planétaire ne doit pas rester le privilège de certains, qui s’auto-proclament « normaux », et qui défilent dans les rues au nom de leurs convictions et de leurs minuscules avis que personne ne leur demande. (Le « niveau » des griefs consterne immanquablement lorsqu’on perd le temps nécessaire pour y prêter attention : En effet: Si vous voulez lire certains de ces avis énoncés librement, beaucoup sont justement listés sur cette page.)

Ne perdez pas de vue qu’il y a même pas 1 siècle de ça, la plupart des parents des auteurs de ces posts incroyablement haineux, étaient globalement (de part leur origines), dans la même situation sociale & légale que celles et ceux sur lesquels ils crachent ouvertement et délibérément aujourd’hui. Alors qu’ils devraient se considérer comme frères et sœurs de souffrance, puisqu’ils sont exactement au même emplacement social – c’est à dire tout à la base de la pyramide.

Ce qu’il ne faut pas oublier non plus, c’est qu’on peut bien sur légiférer sur beaucoup de choses, mais pas sur la tolérance malheureusement… La tolérance ne s’impose pas au gens en faisant simplement des lois – elle se gagne. Elle se mérite. Elle se cultive ; et il me semble personnellement que certaines personnes sont indéniablement plus méritantes que d’autres dans leurs démonstrations de « civisme ». (Alors que d’autres me semblent très largement mériter la haine dont ils écopent mathématiquement en retour de leurs incessantes incivilités) – Mais je vous laisse naturellement en juger par vous même en parcourant ce petit lien.

C’est un peu tristounet d’observer ces minorités qui s’imaginent naïvement être suffisamment « tolérées » pour tenir des discours de juges offusqués, alors qu’ils étaient hier encore précisément dans le box de ceux qu’ils se croient aujourd’hui en position de condamner ! (Et qu’ils y sont toujours bien qu’ils supposent incompréhensiblement être ailleurs – tout comme moi – et tout comme vous).

D’après mon expérience intime, les homos, lesbiennes, et trans me semblent tout aussi faillibles insupportables et irresponsables que n’importe quel autre humain de base. Pas pires, mais certainement pas meilleurs non plus. Et c’est donc à ce titre, qu’il me parait indispensable qu’ils et elles se retrouvent à la même enseigne et avec le mêmes droits que le reste ! (Même si d’après moi cela n’a pas vraiment de sens de vouloir absolument bouffer la même merde que le voisin, mais bon…)

Je confesse également espérer que cette loi subsiste et se renforce, juste pour pouvoir bien jouir du profond ridicule des auteurs des tweets répertoriés sur le lien plus haut. Qui loin de nous faire l’immense plaisir de quitter le pays une bonne fois pour toutes (comme ils le promettent si souvent et si fallacieusement dans leurs laborieuses indignations), vont bien entendu rester en France pour continuer d’y être subis par tous.

Et je suis par contre bien certaine qu’eux ne manqueront jamais une seule occasion de s’énerver, d’insulter, ou de pleurnicher devant une inégalité de droits dont ils seraient victimes. (Ou devant « l’incompréhensible intolérance » dont ils sont si souvent l’objet – allez savoir pourquoi…)

Cette ambiance haineuse, teintée d’ignorance et de stupidité (et mêlée de cette si amusante pointe d’illettrisme dont sont coutumiers certaines des castes les plus pittoresques de notre société) devient assez insupportable et irrespirable pour moi. Je n’en peux plus de devoir supporter ce ramassis d’abrutis sur mes écrans d’ordi ou de télé.

Ces petits groupuscules agglomérés en rassurantes communautés dont chacune se suppose plus légitime que toutes les autres réunies, bien rangés en rang, par couleurs, par religions, par superstitions, par cultures, par sexualités… Dans des boites en formes de pays… Et qui s’insultent ouvertement, s’oppriment et se tabassent à longueur de temps – à tenter indéfiniment de s’écraser les uns les autres par manipulations, persuadés que leur insignifiant avis est le seul qui prévaut sur celui du reste du monde!

…Tout ça au lieu d’essayer de vivre ensemble et d’évoluer vers quelque chose de plus beau, de plus logique, et de meilleur.

Ma conclusion, c’est que l’humanité telle que je la subis en ce moment ne mérite (certes) pas vraiment de vie meilleure, (ni moi d’ailleurs – je ne m’exclus pas de ce triste constat.) Mais cela ne doit pas nous empêcher d’essayer de rester (ou de devenir) « justes » et « cohérents » autant que possible. Bien sur, j’ai très souvent honte d’être humaine. Particulièrement en ce moment, quand je vois les épuisants et pénibles comportements de certains.

Et c’est pourquoi je me suis permise de me délester un peu de mon très vif agacement de tout cela en vous infligeant ces interminables lignes.

Merci de les avoir lues, je vous donne mon bonsoir.

Ma « détransition » (3/3).

(17 avril 2011)

Bon, voici un menu bilan du 1er mois de ce que j’ai très pompeusement appelé « dé-transition » pour faire l’intéressante.

-Je continue de me badigeonner outrageusement les jambonneaux à l’Oestrodose, de tartiner ma « poitrine » janebirkinesque de Progestogel, et de gober chaque soir 2mg de Chibro Procsac préalablement écrasé en miettes grâce à mon inénarrable sois disant « coupe cachets ».

– Pas de difficulté notable pour abandonner l’androcur. Je n’en ai pris que 50 mg en tout ces deux dernières semaines, (en deux fois), et ça ne m’a pas « manqué »… Je dis donc définitivement « bye-bye » à ce nuisible dépresseur / ramollisseur de libido à partir d’aujourd’hui. ^^

– Peu de rejets de mon projet de la part des proches à qui j’en ai fait part, malgré une certaine perplexité notable de me revoir ponctuellement habillée « à la garçonne ».

– Seul « rejet » (supposé) : On a plus ou moins « rompu » avec mon gars « officiel ». Pour être tout à fait précise, on ne s’est pas recontactés ni revus depuis que je lui ai fait part de mon projet il y a 4 semaines… Je considère ça (enfin personnellement) comme une rupture ^^ …

– J’en sors soulagée – sincèrement, car tout compte fait, il semble que je préfère nettement retrouver occasionnellement mes « fidèles » amants « cachés » capables – eux – de me satisfaire sexuellement quand j’en ai besoin – et d’avoir, (bonus), une conversation « supportable », plutôt que de subir de « sortir » de façon engagée avec un « mec » (c’est-à-dire le supporter aussi quand je n’en ai pas envie) dont la seule et unique « qualité » est d’assumer de s’afficher en public avec moi, sans que nous ayons la moindre once de la plus minuscule affinité dans quelque domaine que ce soit.

Là aussi « bye-bye » définitif à un dépresseur nuisible / annihilateur de libido : ça fait du bien.

– Très légère amélioration du moral, de « l’envie » de vivre, et de la sérénité. L’arrivée du printemps et du soleil y sont sans doute pour beaucoup.

– Détachement significatif par rapport à la façon dont les autres me perçoivent et me jugent, ce qui (très paradoxalement) améliore mon passing quand je me mets en mode « nana », malgré que j’ai l’impression de faire carrément moins d’efforts (par exemple, je me maquille moins, je ne porte plus mes prothèses de seins externes, je ne « cache » pas ma bite…).

– Je prends plus de plaisir à me « faire belle » parce que c’est redevenu des instants rares, précieux, et sans enjeu vital. Les erreurs sur mon genre, mon prénom, les petites bâches ou même les abordages « flirt » suintants de beaufitude sont moins perçus comme une systématique agression ; donc mieux gérables de ma part.

– Impression de me sentir beaucoup moins concernée et impliquée dans la problématique « trans ». J’ai bizarrement l’impression que tout ça n’est désormais plus tellement mon problème, et ça me soulage (ô combien) d’un gros poids.

– Ah oui… Comme je l’ai dit dans un post plus haut, j’ai parfois du « monsieur » en mode « nana », et j’ai eu plusieurs fois la surprise d’avoir aussi du « madame » en mode « gars » de la part de gens que je ne connaissais pas… J’ai trouvé ça marrant comme retournement de situation (et ça m’a fait plaisir quand c’est dans ce sens là). La perception des gens par rapport à ça me surprend souvent, parce que je me rends compte que quoi que je fasse, je ne la maitrise jamais à 100%… et je commence enfin à m’en foutre.

– Niveau libido, je retrouve peu à peu le côté « ludique » et fétichiste du truc que j’avais perdu et qui m’avait manqué, et pour l’instant, je profite de cet « élan » pour m’amuser et papillonner joyeusement… La bagatelle frivole et libertine fait du bien au moral et à la confiance en soi pour l’instant. Je fais beaucoup de rêves érotiques – et parallèlement beaucoup de cauchemars violents aussi. Quand je rêve, je me perçois désormais alternativement au féminin et au masculin, et ce n’est pas forcément déplaisant.

– J’ai commencé à espacer (dans l’optique de stopper à terme) mon suivi psy : Il me semble que j’en ai fait le tour, et ça me gonflait de plus en plus d’aller là bas chaque semaine faire le « rapport » de ma vie et de mes réflexions… Bref, d’être obligée de constamment ruminer les trucs au lieu de prendre le temps de m’en libérer.

Changement physiques constatés (ou non) ce mois ci :

Poids : Légères variations de poids (perdu puis repris puis reperdu), répartition des graisses identique, impression d’une légère prise de seins et de muscles.

Pilosité : Pas de perte de cheveux, pilosité corporelle identique, j’ai constaté les trois 1eres semaines une légère repousse de barbe sur la lèvre supérieure uniquement. Suite à une séance d’épilation flash en début de 4e semaine, et tout est rentré dans l’ordre : Les poils de stachemouze qui étaient réapparus sont aujourd’hui retombés : Donc au final, pas de conséquence ingérable.

Peau : Grain de peau identique

Divers : Beaucoup de fatigue, des courbatures / douleurs articulaires (Je ne sais pas du tout si c’est lié, mais j’en fait part, puisque c’est arrivé ce mois ci.) ^^

***

Ma « détransition » (2/3).

(11 Mars 2011)

Bon, peut être qu’il serait utile aussi que je décrive précisément ce que j’entends par « dé-transition » – (du moins pour ce qui me concerne), parce qu’il y a des gens qui commencent à me demander : « ça va être quoi ton prénom masculin ? Comment doit on accorder le genre pour s’adresser à toi maintenant… etc.»

Donc non, ce n’est pas ça du tout.

De la même façon qu’il y a plusieurs façons / degrés / besoins de transition, il y a aussi plusieurs façons / degrés / besoins de dé-transition…

En ce qui me concerne ça va consister à peu près en ça :

En m’introspectant profondément – (et non, ce n’est pas sale) – je me suis aperçue à ma grande stupéfaction que suis une très grosse binaire pleine de petites cases bien alignées et de bornes / repères à ne surtout pas dépasser, sinon, ça me stresse tellement que j’en suis deviens incontrôlablement malheureuse.

Je m’aperçois que je n’assume absolument pas de « trop sortir du moule », moi qui ai tellement défendu ça à un moment donné, et que ça me tord le ventre de n’être perpétuellement « résumée » qu’à ma putain de « différence » plus ou moins bien perçue selon le « bagage d’info – et de connerie » des gens…

Par goût personnel, j’adore être soit très féminine, soit très masculin, tout simplement parce que – contre toute attente – je me rends compte qu’en fait j’ai des définitions personnelles extrêmement précises de la masculinité et de la féminité, (et, partant de là, de l’homme et de la femme).

J’aime inconsciemment (adaptabilité ?) me positionner dans ces extrêmes stéréotypés parce que je m’y sens mieux, alors que je me sens très mal à l’aise au milieu.

Mes repères de genre « immuables » m’aident à percevoir et étiqueter les autres, (même si c’est « faux » ou « mal ») et contribuent à construire ma propre identité à travers la perception et le regard des autres. (Feedback)

Je veux avoir le choix de switcher entre les deux genres à ma guise et selon mon envie et mon besoin du moment, au lieu de m’enfermer dans une seule possibilité comme je l’ai fait (par erreur) ; je suis passée d’un seul genre unique stéréotypé vers un autre genre unique stéréotypé, que je prenais (toujours par erreur) pour une sorte d’identité figée, alors que tout ça bouge et évolue en permanence chez moi.

Alors c’est quoi dé-transitionner pour Cammy ?

Déjà, c’est commencer par ne plus être « full time ».

Sincèrement, j’en avais vraiment marre de me farder le matin, m’habiller en nana, mettre des prothèses des seins, surveiller ma voix, ma démarche, ma coiffure, ce que je dis, etc.

Tout ça pour simplement des histoires de booster mon passing parce que je n’assume pas de me faire emmerder par un connard de temps en temps – sachant que j’obtiens finalement l’effet inverse, puisque précisément ça m’emmerde de me « déguiser » au quotidien, en en ayant perdu l’envie… (Bref, arrêter de jouer le rôle « immuable unique » dont je parlais).

J’ai commencé depuis quelques temps à lâcher l’affaire sur ça, et ça me réussit bien pour l’instant de me balader « nature » avec un passing tellement à chier que des caissières me disent « monsieur » au Super U.

En bref, m’accorder des comportements perçus par les autres et par moi-même comme masculins, et m’en affranchir. Comme par exemple, m’autoriser à foutre sa claque (voir plus si affinités) au « connard de temps en temps » précité, parce que je me sens très à l’aise de faire ça en « mec » et pas du tout en « nana ».

Ça ne veut pas dire que je n’ai pas besoin de m’habiller en nana de temps en temps, et quand je fais l’effort de le faire, j’obtiens assez facilement du « madame » de la grande plupart des gens, parce que je « sais » maintenant faire ce qu’il faut pour obtenir ce résultat aussi.

Mais à mon avis, une à deux fois par semaine en nana ça sera très suffisant… (Et encore) selon l’envie de me « déguiser en ce que je suis sur le moment ».

Dans la mesure où mon THS n’a finalement aucun effet physique visible qui ne soit un tant soit peu camouflable sous un sweet un peu large, et que j’ai envie de bénéficier des effets positifs quand je me mets en mode « femme », je ne vais pas arrêter les hormones…

J’ai envie de continuer de profiter des maigres bénéfices des œstrogènes, mais je compte par contre remplacer l’androcur par du chibro proscar – (rendez-vous pris chez le toubib pour mardi prochain) et si les effets dépressifs (et sur la libido) perdurent malgré ce changement vers du « light », arrêter carrément les anti-androgènes.

Ma barbe est virée, et si elle repousse un peu, je continuerai de l’épiler…  Je suis contente de mon épilation, je ne la regrette pas du tout. C’est un peu comme le coming-out : C’est fait, et ça reste de toute façon un changement « actif » auquel je ne peux plus rien changer.

Aucun changement par rapport au prénom ; j’avais choisi « Camille » précisément parce qu’il était mixte, quant aux accords, eh bien je préfère nettement le féminin, même si je me formaliserai nettement moins du masculin dans ma vie courante si je suis effectivement habillé en gars. Je constate que le fait de réduire volontairement mon « investissement » dans la transition (et donc l’enjeu) réduit de fait l’attente et l’exigence inconsciente de certains « feedbacks absolus » finalement impossibles à obtenir pour moi – à savoir être réellement considérée par tout le monde comme une « femme » par les gens qui n’ont pas les mêmes définitions que moi de ce terme.

C’est une question qu’une femme bio ne se pose jamais, je ne vois donc pas pourquoi je devrai continuer de m’auto-torturer avec ça parce qu’on me colle des étiquettes qui puent.

J’aimerai aussi tenter de ressusciter l’aspect ludico-sexuel-fétichiste que je trouvais jadis à « l’activité de travestissement », – et que j’ai perdu, très à regret – c’est-à-dire retourner m’amuser à jouer dans mes bois, mes parkings, et mes caves de donjons, plutôt que d’attendre vainement un prince charmant idéal qui n’arrive jamais, et dont le manque me fait m’accrocher aux pires tocards du monde qui, eux, se servent de moi exactement de la même façon que dans un putain de sauna sans que je ne sois plus capable d’y prendre aucun plaisir.

Je vois bien que je suis juste une sorte d’exotique et insortable « vide-burnes gratuit » pour eux, – certainement pas la « femme » que je « prétend » être ; et plutôt que de continuer d’en pleurer, j’ai envie d’en jouir à nouveau.

Et d’avoir, à côté de ça, les chances de relations stables ou de boulots (stables aussi) multipliées par le simple fait de poser ma jupette 5 jours par semaine.

Parce que le « malsain » le « désespérant » et le « sournois » ne sont pas forcément là où je les ai soupçonnés au 1er abord… Ce qui est malsain, désespérant, et sournois, c’est de me voir devenue capable de rester accrochée à un connard juste parce qu’il fait partie de la minuscule fraction de mâles capables de me tenir par la main dans la rue. C’est ça que je trouve sordide insupportable, et finalement beaucoup plus « compulsif » comme besoin que ma sexualité d’avant…

Bref, revenir sur le passé, sans forcément défaire tout ce que j’ai fait ni désapprendre tout ce que j’ai appris, mais simplement faire en sorte de « l’oublier un peu », pour être capable de me resocialiser comme je l’entends pour l’instant, et d’une façon qui redevienne ludique et non plus contraignante.

Je suis tout à fait consciente que je fais potentiellement une connerie en m’engageant dans cette voie… Peut être que je vais m’en mordre les doigts, et finalement « retransitionner » à terme, qui sait… J’ai juste envie d’être libre d’explorer toutes les voies possibles tant qu’elles sont encore accessibles ; en bref, pouvoir me regarder dans la glace et me dire qu’au final, j’aurai vraiment tout tenté pour essayer d’aller « mieux ».

Des fois, je me demande si le fait de ressentir un si fort sentiment de féminité justifiait une transition…

Peut être. Peut être pas.

J’ai l’impression (possiblement fausse) que c’est beaucoup moins accepté socialement pour un garçon d’être « féminin » que pour une fille d’être « masculine »… C’est sans doute ça qui m’a un peu poussée aussi à « forcer le trait » et aller un peu plus loin que je n’aurai dû.

L’envie de porter tel ou tel vêtement et d’adopter tel ou tel comportement peut varier avec l’instant chez moi ; Et comme ces domaines (comportemental et vestimentaire) sont ultra-genrés, et participent activement à l’étiquetage qu’on nous donne, c’est difficile de ne pas se ré-enfermer dans une case en transitionnant, comme je l’ai fait…

Faire certaines conneries est une bonne chose, parce que dans certains cas c’est la seule façon de s’apercevoir vraiment que c’en était une, et de découvrir pourquoi – puis synthétiser – et finalement en faire une « non-connerie » vivable et exploitable.

C’est donc utile de faire des erreurs pour avancer… fouiner, chercher, tâtonner…

L’un des plus gros paradoxe de mon comportement actuel (et je m’en rends compte) est que je cherche à atténuer les contraintes liées au genre en m’imprimant franchement encore plus dedans (c’est-à-dire en multipliant les genres – donc les contraintes – pour avoir le choix de sélectionner celles que je désire adopter selon mon envie et mes besoins – donc en ayant l’impression (peut-être fausse / peut être vraie) de diviser les contraintes au lieu de les multiplier par l’action de les choisir)…

Cela me reviendra dans les dents à un moment où un autre, c’est certain ; on verra bien. A force de vouloir le beurre et l’argent du beurre…

Et c’est en m’apercevant de ces petites conneries que je me rends compte à quel point cette dé-transition n’est encore qu’une étape presque « auto-mensongère », toujours très imprégnée d’une forte dissonance cognitive*, mais peut être un peu moins qu’avant.

* Puisque je n’ai pas réussi à obtenir les opérations que j’envisageais (légère FFS et mammoplastie) je prétends (afin de supporter inconsciemment cet « échec ») que je n’en avais pas vraiment besoin, que c’était une connerie, et je me mets à remettre en question jusqu’au besoin « du reste » déjà mis en place.

Comme si ma transition entière – que je perçois finalement comme un « tout » – avait finalement été inutile, suite à l’échec d’obtention de ces étapes chirurgicales qui me paraissaient indispensables pour finaliser la « transformation » que je « fantasmais ».

Si j’avais obtenu ces opérations, je pense que je ne serai peut être même plus là à continuer à me poser des questions… Je serai sans doute passée à autre chose en fonction de ma « réussite »…

Sauf que l’aboutissement global de ma transition telle que je l’envisageais au départ n’a pas eu lieu et n’aura jamais lieu… Pourquoi dès lors continuer à fournir les efforts inutiles et pathétiques en pure perte pour quelque chose que je n’obtiendrai pas ? Pourquoi continuer à croquer de l’androcur de merde parce que les toubibs m’étiquettent suffisamment « trans » pour être castrée chimiquement et dépressive, mais pas suffisamment pour mériter les opés que je demande ?

Marre de ce système de cons, marre des efforts à sens uniques.

De plus, je suis plutôt déçue des effets – insuffisants je trouve – de ce que j’ai réussi à obtenir jusque là, puisque comme je l’ai stipulé plus haut, ça ne m’empêche pas d’avoir du « monsieur » quand je sors sans maquillage, cheveux attachés, et avec un pantalon et des baskets…

Chez Cammy, c’est l’habit qui fait le moine ou la nonne on dirait…

Donc dans la mesure où cet état foireux restera semble t’il ma dernière « mue », puisqu’il est finalement l’ultime stade où j’ai réussi à pousser ma transition, on peut dire que – pour moi, elle est foirée. Point final.

Donc autant assumer une vie de travestie occasionnelle bien dans sa peau que de MtF désespérée et dépressive d’avoir raté son truc faute de reconnaissance sociale et de moyens (et qui bouffe en plus un dépresseur pour être bien sûre d’être très malheureuse)…

C’est ça aussi ma dé-transition : Régresser aussi dans la fausse hiérarchie tacite entre transbidules dont je parle si souvent.

J’ai cherché à escalader cette hiérarchie factice pour obtenir de la reconnaissance dans ce qui s’avère être finalement un lobby, une minorité, un petit groupe de personnes ; alors qu’ironiquement, je me suis aperçue que j’ai perdu la reconnaissance sociale de la grande majorité des gens au fur et à mesure que j’ai monté à cette échelle trompeuse…

En redescendre un peu me fera du bien.

Ainsi que m’éloigner des problématiques stressantes liées à tout ça en faisant en sorte d’artificiellement ne plus me sentir vraiment concernée, puisque me concernant, l’enjeu ne sera plus vraiment ressenti comme étant le même.

Et voila.

Le fort pratique "range banane".

Ma « détransition » (1/3).

(04 mars 2011)

Je vous soumets quelques unes de mes réflexions récentes par rapport au projet que je nourris depuis quelques mois déjà de détransitionner, ainsi que les conclusions auxquelles je me trouve actuellement confrontée.

 

Force est de constater (loin de tout désir de me plaindre ou me faire plaindre) que transiter d’un genre à l’autre ne m’a pas forcément rendue plus heureuse, très loin de là.

Cela n’a non seulement résolu aucun de mes problèmes (ça les a juste déplacés) mais ça en a créé pas mal de nouveaux au passage….

 

N’ayant jamais été vraiment foutue de répondre clairement, sincèrement, et avec conviction aux questions « qui suis-je » ou « qui souhaiterais-je être », je me suis vue, de fait, dans l’impossibilité de « devenir » quoi ou qui que ce soit de viable à long terme. (En référence à une certaine maxime d’Epictète – « Dis-toi d’abord qui tu veux être, puis fais en conséquence ce que tu dois faire »).

 

Il me semble qu’il m’est en fait impossible de répondre aux deux questions précitées, puisque ma nature, mes désirs, et mes ambitions (quand elles existent) sont changeant(e)s ;

Certaines personnes peuvent généralement s’accrocher au repère d’une sorte de ligne conductrice générale pour projeter une idée de ce que doit être ou non leur vie ; mais d’autres (dont je fais partie) ne disposent pas vraiment d’une accroche stable qui donnerait un « sens à suivre » véritable à leur existence.

 

Je ne dis pas que devenir / révéler « Camille » était une mauvaise idée, je pense juste que c’était une erreur d’appréciation que j’ai sans doute poussée beaucoup trop loin, de peur d’avoir eu à potentiellement regretter toute ma vie de ne pas l’avoir commise.

 

Transitionner n’aura donc pas été inutile, puisque ça m’aura permis de me rendre compte que je faisais sans doute fausse route, sans pour autant avoir à regretter plus tard de ne pas avoir exploré un tant soit peu cette voie.

 

Si je ne l’avais pas fait, j’aurai pu m’en vouloir plus tard de ma lâcheté de ne pas avoir osé tenter ce « coup », mais aujourd’hui que c’est fait et que je m’aperçois que ça ne me convient pas vraiment non plus, il m’a semblé qu’il était temps d’aviser pour rectifier le tir.

 

J’ai donné tellement de moi pour ça, j’ai eu tellement l’impression de me battre, de m’investir, et de « payer » ce changement de genre très cher, que ça ne m’était pas forcément venu à l’idée dans un premier temps que je puisse envisager un jour la possibilité de rétrograder vers un « état » antérieur.

 

Et je me suis aperçue également (lorsque j’ai eu l’occasion d’en parler à certaines personnes proches) que ce projet d’ « évolution en arrière » surprend étonnamment ; un peu comme si un tel parcours était inconcevable ; une sorte d’auto-trahison de ne désormais plus m’identifier au « but final annoncé » si obstinément revendiquée à un moment donné – sans doute pour me convaincre moi même que je prenais une bonne décision…

 

Une « tromperie » d’oser – encore – sortir des supposées nouvelles normes tacites de mon nouveau genre « choisi » – (« normes » désormais transgenre) – dans lesquelles je ne me reconnais pas forcément plus que dans les supposées « normes » cisgenres tacites précédentes…

 

Passer du genre « masculin » au genre « féminin » avait déjà représenté une régression sociale, mais faire le virage arrière (supposée) pour revenir possiblement au « genre masculin » de façon périodique représente encore une nouvelle régression sociale cumulative avec l’autre, cette fois ci au sein de la fausse hiérarchie qui existe tacitement entre personnes transidentitaires.

 

Les 1eres réactions que j’ai eues ont été de tenter de me dissuader absolument de suivre cette voie de « rétropédalage », un peu comme si ce projet se résumait uniquement à une sorte de 2e suicide social, une « régression » quasi-péjorative – de « trans hormonée » à « trav de salon supposée mal assumée » – alors que je la perçois plus comme une évolution vers l’avant, vers beaucoup plus de liberté et de flexibilité.

 

Même si elle peut prendre mentalement l’apparence d’un virage à 180° en « épingle à cheveux » qui retourne à son point de départ, j’ai plutôt tendance à concevoir ça comme une ligne d’évolution bien droite qui ne dévie absolument pas de sa « logique » de continuité, même si elle est successivement parsemée de points référentiels passés récurrents qui deviennent donc « présents » (ou « futurs ») et font donc partie intégrante de l’évolution et de la construction identitaire.

 

J’ai l’impression que les gens comprennent encore moins bien la démarche de changement que j’ai eue, pas plus que celle que je m’apprête à avoir… Comme si tout ça avait été vain, et n’avait eu aucun sens. « Tout ça pour ça ? »

 

Un peu comme si mon constat de mal être personnel – donc d’échec, en quelque sorte – ramenait certaines personnes à s’interroger sur la présence d’éventuels échecs sévères dans leur propres parcours identitaires, qui auraient pu justifier une transition OU une détransition ; et ce genre d’introspection autocritique non programmée ne fait jamais plaisir.

 

Ce qui revient à constater qu’il est de très bon ton d’être (ou se prétendre) préalablement sure de soi, de ses choix, de ses attentes, de ses infos, et de ses ressentis avant de s’aventurer vers sa propre recherche identitaire – qui ne peut pourtant s’opérer et se « tester » qu’en s’y confrontant réellement, c’est-à-dire en sautant dedans à pieds joints et sans filet…

 

Mais donc qu’advient-il quand on saute et que ça chie ? On fait quoi ? On sourit comme si tout allait bien ou on tente de corriger les conneries qui peuvent l’être ?

 

Cette impression de continuer à jouer un rôle en permanence exactement de la même façon qu’avant n’est ni plus supportable ni plus confortable. (Plutôt moins, même, sur ce second plan).

 

Je me rends compte avec une certaine angoisse que je ne sais pas « ne pas jouer de rôle », et que je ne sais donc pas ni qui je suis réellement, ni qui j’ai vraiment envie d’être, puisque je m’enferme tout le temps inconsciemment plus ou moins dans des sortes de « personnages » multiples selon l’envie et le besoin immédiat du moment.

 

Plutôt que de me perdre dans les méandres d’une recherche identitaire incertaine, je pourrais peut être me contenter de dire que je cherche juste à être « heureuse », mais ça supposerait de savoir définir plus ou moins ce que j’attends du bonheur, et j’en suis bien incapable…

 

J’en arrive donc à déclarer simplement « souhaiter moins souffrir », ce qui a finalement probablement conditionné chacune des actions – et inactions – de ma vie depuis ma naissance.

 

(Ça me fait penser que j’ai pas mal développé ça dans un autre sujet à propos de l’objectivité de nos témoignages.)

Réflexions: Phimosis & changement de sexe « cis’ ».

(20 janvier 2011)

« Phimosis ». Définition :

« Le phimosis (du grec phimos : lien) est une étroitesse du conduit prénuptial, c’est à dire du fourreau cutané (prépuce) qui recouvre le gland. C’est le plus souvent une anomalie congénitale. Mais il existe aussi des phimosis acquis, plus fréquents chez l’adulte que chez l’enfant. »

Une définition plus complète à cette adresse.

Les conclusions des médecins (qui s’adressent donc généralement à la famille) :

« Ne pas craindre d’examiner soigneusement la verge des garçons nouveau nés et demander à un chirurgien d’intervenir chaque fois que la mobilité du prépuce sur le gland paraît insuffisante et incomplète. La circoncision est une intervention bénigne qui a quelques avantages et aucun inconvénient »

(je cite un autre passage qui me parait primordial) :

« Parfois, le garçon conserve son phimosis jusqu’à la puberté et au delà. Dans ce cas, la famille est un peu coupable et surtout les médecins qui ont eu l’occasion d’examiner l’enfant, car ces phimosis de l’adulte occasionnent une gêne d’une tout autre portée : l’érection est mécaniquement difficile et douloureuse. L’adolescent essaie de l’éviter, mais il se crée ainsi une situation conflictuelle qui peut avoir des conséquences graves sur le comportement sexuel futur du jeune homme. S’il essaie d’avoir des rapports, ils sont douloureux, voire difficiles, et là le choc psychologique est encore plus grave. « 

Ayant eu dès la naissance une malformation sexuelle diagnostiquée « phimosis » jusqu’en début d’adolescence, je ne me souviens pas d’avoir ressenti la moindre douleur par rapport à mon sexe, bien que tout décalotage ait toujours été absolument impossible ; cela ne m’empêchait pas de prendre du plaisir ni même de jouir lorsque j’ai commencé (précocement) à avoir une (auto) sexualité.

Un peu avant ma puberté, mes parents et le médecin de famille ont commencé à me parler d’une anomalie (sans jamais la désigner ni la décrire vraiment) qui se situait au niveau de mon « zizi », et qu’il faudrait rectifier. Le toubib m’emmenait à l’écart pour me tripoter, sans que j’y comprenne quoi que ce soit, et j’entends encore mes parents me dire, tout gênés : « On va devoir te faire opérer parce que ton zizi n’est pas comme les autres ; Si on te fait opérer, c’est pour que tu puisses avoir une vie « normale » comme tout le monde, plus tard. »

Je vous laisse imaginer ce qui se passe dans la tête d’un enfant à qui on jette ce genre de phrase : Je me découvrais d’un coup « anormale » (aux yeux de mes parents et du reste du monde) sans comprendre pourquoi, et le seul indice que j’avais, c’était que cette anomalie venait de mon « zizi ».

La pudibonderie maladive de mes parents ne m’a jamais permise d’accéder à plus d’informations que cela de leur part, (et ce, même après l’opération, puisque le sujet du « sexe » est hyper tabou chez nous.)

Le problème, c’est que je l’aimais bien, moi, mon zizi, que j’avais commencé à jouer un peu avec, à m’y habituer, à comprendre la façon dont il fonctionnait… Bref, à l’accepter, à l’adopter, à me l’approprier, bien qu’il soit manifestement « anormal » aux yeux des autres. J’avais même fini par imaginer dans mon petit esprit besogneux d’enfant très catholique que c’était justement le plaisir que je commençais à ressentir qui était « anormal », et je craignais que l’opération que je savais devoir subir n’ait pour but de m’enlever précisément ce plaisir « impie ».

J’allais donc sans rien y comprendre vers un changement de sexe programmé (par d’autres) pour me reformater à la « normale ».

Le jour de l’opération, j’étais en pleurs, pétrifiée de peur, absolument pas consentante, je hurlais à mes parents que je n’en avais rien à foutre d’avoir une vie normale plus tard, que je voulais rester comme ça, et qu’on me laisse tranquille. Mais ça n’a pas marché, et j’ai quand même été opérée malgré mes protestations.

Au réveil, mon 1er réflexe était de regarder. Mais il y avait des pansements, et je me suis dit (je ne sais pas pourquoi) : « On me l’a coupé. »

Mais en touchant j’ai « ressenti que c’était toujours là », et j’ai pu me consacrer tranquillement à faire la gueule aux médecins et à mes parents.

Tous les jours, je devais m’entrainer à décalotter, j’avais mal, j’urinais du sang les 1ers temps et comme on ne m’avait (une fois de plus) pas prévenue de ça, ça m’a bien sur beaucoup choquée. La sensibilité du gland était telle que je ne supportais même pas le contact de vêtements. Mon père m’a fabriqué une coque en carton pour empêcher les frottements et que j’ai porté pendant quelques semaines, le temps que l’hypersensibilité devienne supportable.

Entre temps, j’avais repris l’école, et tout le monde était au courant de l’opération que je venais de subir, ce qui a eu pour seul mérite d’amuser beaucoup mes camarades et de m’exposer à leurs railleries, ce qui renforçait l’humiliation de mon « anormalité » pourtant sois disant réparée.

Je me suis dit que, pour les autres, l’anormalité, on la gardait sans doute à vie, même quand on croit la réparer pour soi…

Je précise qu’aujourd’hui, je me suis parfaitement habituée à mon « nouveau » pénis fonctionnel « normal », qui pose effectivement très certainement moins de problèmes relationnels à montrer et à utiliser que si j’avais toujours mon phimosis.

Morales multiples (et contradictoires), dont j’engage chacun(e) à s’approprier celle qui l’arrange.

Je raconte cela car il me semble qu’il y a un certain nombre de parallèles entre cette expérience et l’expérience de certaines personnes intersexuées, dont je me sens sans trop savoir pourquoi très proche… Sans doute à cause des complexes et des douleurs induites par d’autres d’être considéré(e) comme ayant un sexe anormal, et qu’à partir de ce « détail », c’est notre vie entière qui ne pourrait pas être normale, à moins de le reformater à un sexe plus « convenu ».

Il me semble aussi qu’il y a des parallèles avec la transidentité (en tout cas des liaisons probables entre cet épisode et mon ressenti féminin actuel d’un point de vue purement personnel).

Le sujet du changement de sexe (car je l’ai ressenti comme tel en tant qu’enfant) qui intervient chez les personnes cisgenres (pour les mêmes raisons, il me semble, que chez les personnes transgenres) est assez peu abordé.

Les raisons peuvent être le confort, l’esthétisme, la fonctionnalité, mais généralement, on peut également déceler dans cet acte un formatage à une norme, une confusion / association du sexe et du genre, ou une obligation supposée de performance qui peut pousser à agir sur un sexe déjà conforme au genre pour le « booster » vers plus de virilité (ou de féminité) supposée.

Il est intéressant de constater que nombre de personnes cisgenres mâles ont recours à des « développeurs de pénis » qu’ils se procurent généralement en sex-shop, ou (quand ils sont impatients) des « gaines de prolongation » pour gagner quelques centimètres…

Ces ustensile peuvent donc être simplement « postiches » ou bien agir avec un effet (voulu) définitif directement sur la forme et l’apparence de leur sexe pour « gagner en virilité » si on les interroge.

Tandis que d’autres ont au contraire tendance à utiliser des cages de chasteté à effets plus ou moins variés (il existe des cages simples, et certains modèles qui « punissent » l’érection par une douleur (piques, torsions…))

Ils sont donc sur le même schéma, mais cette fois pour finalement sortir « un peu » (ou beaucoup) de leur genre et des rôles qui sont socialement sensés y être attenants. Certains piercings génitaux ont pour fonction d’induire la chasteté… (Piercing de fermeture du prépuce, prince albert accroché à un second implant aux testicules, etc…)

Idem chez les femmes dont certaines « condamnent » volontairement l’entrée de leur vagin par infibulation, ou par la pose de piercings de chasteté, tandis que d’autres se « virilisent » en s’arnachant de godes ceintures…

Il existe des opérations chirurgicales d’extension du pénis, ou de réduction des lèvres vaginales… Des « liftings » génitaux, qui démontrent bien la logique de performance, de quantité, d’esthétisme et de « norme » qui peut justement pousser vers le « hors norme ». (Ex : devenir « plus viril que viril », aller vers l’hyper performance, ou au contraire « condamner » définitivement et volontairement son sexe à ne plus être « fonctionnel »).

Il pourrait également être intéressant d’étendre la réflexion sur la circoncision, l’excision, c’est-à-dire le rapport hiérarchique, religieux ou culturel qui peuvent pousser les gens à modifier le sexe (et le rapport au sexe) de leurs enfants (et de ceux des autres) sans leur demander leur avis, ou à modifier soi même son sexe chirurgicalement ou non tout en se ressentant parfaitement « cisgenre »…(Le piercing me semble être une « sorte » d’intervention chirurgicale, mais j’imagine que tout le monde ne le ressent pas forcément de cette façon).

Le « E ».

(02 février 2011)

Je l’ai rencontré il y a 3 semaines environ… Ce n’est pas un coup de foudre ; on ne peut pas dire qu’il y ait d’amour, ni qu’il soit particulièrement séduisant, ni qu’il me plaise, mais pourtant, je me considère paradoxalement comme très chanceuse, puisque j’en ai dégotté un qui est disponible, et capable de me tenir par le bras dans la rue, de passer sa main dans mes cheveux au resto ou dans un bar, de m’embrasser « devant tout le monde »…

Et ça (en tant que personne anormale, déshumanisée, et mal sexuée) c’est malheureusement tellement rare que ça mérite bien que je donne toute les chances possibles à cette « rencontre » qui n’a pourtant vraiment rien d’exceptionnel.

On se découvre petit à petit, il est plutôt gentil, prévenant, attentionné… Nous passions l’après midi ensemble chez moi, et tandis que je lui apporte un café, il me répond : « merci tu es mignon »…

Je reprends tout de suite sa faute d’accord de genre avec un petit sourire: « Non ; mignonne ». Il s’excuse… Son erreur a « glissé » sans trop faire mouche, parce que bon… ça peut arriver à tout le monde de se tromper… Il n’a pas fait exprès, ce n’était pas dit méchamment.

Quelques instants plus tard, nous parlions d’un concours, et il me demande : « Tu es inscrit ? »

Et là, dans un soupir, j’ai à nouveau corrigé d’une petite voix faiblarde :    « Inscrite ».

J’ai arrêté de parler, allumé la télé, posé ma tête sur ses genoux, et j’ai fait comme si tout allait bien ; mais plus rien n’allait.

Et si juste avant ce moment là, je l’avais un tant soit peu aimé, dès l’instant de cette seconde faute d’accord, je ne l’aurai plus aimé du tout.

Je n’avais plus envie de le voir, ni qu’il me touche, ni qu’on se parle… C’était devenu un étranger… Un des « autres », pour qui je suis un pénis avant d’être une personne, et avec qui je préfère éviter le moindre rapport.

J’avais besoin qu’il parte, pour ne surtout plus le voir pendant quelques temps… Et j’étais bloquée là, incapable d’exprimer ce que je ressentais, la tête bloquée sur ses genoux à fixer un écran pour ne plus avoir à le regarder lui, et pour que lui ne puisse plus non plus voir mon visage.

Effondrée ; dégoûtée ; déchiquetée ; ravagée ; anéantie ; en miettes à cause d’une petite lettre, dans un petit mot, d’une petite phrase, qui remettait soudain TOUT en question…

Une petite lettre qui changeait soudain tous mes sentiments et tous mes ressentis profonds. Une petite lettre qui faisait la différence entre ses évidences et les miennes, et qui les rendaient définitivement inconciliables.

Une petite lettre dont l’absence m’a fait l’effet d’un « bug dans la matrice », mettant à jour le fait qu’on ne vit pas dans la même réalité lui et moi, et que ces deux réalités sont incompatibles, au delà de toute explication rationnelle.

En attendant que le film passe, j’ai eu le temps de me dire que même si j’avais eu des seins énormes, une gueule toute refaite, ou que j’avais sacrifié ma bite pour me faire mettre un trou à la place, d’une part ça n’aurait pas forcément empêché l’incident d’avoir lieu, et d’autre part, le résultat aurait été exactement le même. (Voir probablement pire).

J’ai attendu patiemment la fin du film, je me suis levée, je l’ai embrassé avec un sourire factice pour lui signifier de partir, avant qu’il ne s’en aille finalement ; et j’ai refermé la porte à double tour.

Enfin seule, je me suis déshabillée entièrement, en laissant mes chaussures, mes vêtements et mes bijoux traîner ça et là sur le sol ; j’ai été me débarbouiller le visage dans la salle de bain en prenant bien soin de ne pas croiser mon propre regard dans la glace afin de ne pas fondre en larmes toute de suite.

Si j’avais eu des loches en silicone, j’aurai voulu les arracher aussi pour les jeter par terre, à leur place, avec les trucs inutiles, stériles et insignifiants… Mais je me suis contentée de griffer mes petites miches de rat aux hormones qui ne ressemblent à rien, comme pour les punir de n’avoir pas su me faire mériter ce « e »…

A 19h 15 je me suis couchée, pour enfin pleurnicher en enlaçant le polochon, et attendre que (comme d’habitude) tout recommence inexorablement le lendemain.

Je ne pense pas que la transidentité soit une maladie mentale en soi. Par contre, je pense que le fait d’être transgenre est en train par ricochet de me rendre barge petit à petit, parce que tout me semble de plus en plus insupportable. Même ce genre de minuscule incident.

Je vois se rapprocher inéluctablement le moment de croquer du prozac pour simplement supporter d’affronter une nouvelle journée, ou pour ne pas devenir violente envers mes proches et surtout envers mes « moins proches »… Le moment d’abandonner ma personnalité intenable pour m’exiler sur les nuages isolés de paradis artificiels, qui m’empêcheront enfin d’être moi, sans pour autant que j’en ai conscience.

J’attends. Je n’ose même plus bouger. Marre de ramasser d’imprévisibles coups. Envie de ne rien gérer. Pas de courage, rien. Juste besoin de dormir pour ne plus avoir à penser, pour ne plus avoir à supporter ni les gens, ni l’environnement, ni la vie. (Je ne sais même pas vraiment ce que j’attends, parce que finalement je m’aperçois avec une certaine légèreté qu’absolument plus rien ne me fait envie, et que je n’ai même plus aucune ambition de bonheur particulière quand j’y réfléchis ; je m’en fous. J’en ai marre)… J’ai l’impression que même avec une vie meilleure et tout ce qu’il faut pour être heureuse, je n’arriverai toujours pas à l’être… Il y a sans doute un gros souci. Et ce souci vient de moi. Mais j’ai plus la force ni l’envie de chercher à changer, évoluer, progresser ou régresser. Tout ça est fatiguant pour rien. Donc j’attends.

J’attends d’avoir enfin fini de perdre complètement la totalité du temps qu’il me reste.

J’attends qu’un des toubibs chez qui je défile à longueur de semaine me colle une ordonnance d’antidépresseurs et de somnifères sous le nez pour m’enfiler tout ça derrière la cravate et fuir enfin « Camille ». Parce que je n’aime pas plus cette vie ci que celle d’avant, ni qu’aucune autre que l’on pourra me proposer.

Epilogue : J’ai tellement besoin d’un ersatz de reconnaissance sociale que demain soir, je ressors boire un verre avec lui. Je m’accroche à ce type comme à un bout de bois vermoulu en plein océan, juste pour ne pas sombrer tout de suite… Sourires convenus, baisers nécessaires, et mots doux hypocrites mais indispensables… Et tout ça pour « me montrer » encore un peu dehors au bras de quelqu’un, afin d’afficher une prétendue « normalité », et tenter une dernière fois de faire redémarrer la dynamo du bonheur qui semble malheureusement bloquée… Tenter (par erreur sans doute) de m’insérer à tout prix dans une réalité qui n’est certainement pas la mienne.

Je me dégoûte ; mais vraisemblablement plus pour longtemps.

(Le lendemain)

Comme je l’avais indiqué en épilogue de mon post, j’ai revu ce garçon hier soir, et l’incident ne s’est pas reproduit. Rien de vraiment intéressant à rapporter ici de cette soirée ; la « suite » se situe en fait quelques heures avant. Chez le psy.

Comme cet incident m’avait quelque peu ravagée, il m’a semblé bon d’en parler à mon psy. C’est un garçon charmant, assez à l’écoute (heureusement : c’est son métier) qui parle très peu, et qui, je crois, m’aime bien, (au-delà de tout rapport bassement financier).

Je lui explique donc un peu comme à vous, ce qui s’est passé, l’incident minuscule, les proportions énormes que cela prend, la faculté qu’a eu cette petite faute d’accord de me bouleverser à un point insupportable. Il m’écoute calmement, avec un certain intérêt même, et (lui qui ne parle jamais) m’adresse une réponse dans laquelle j’entends 3 mots sur lesquels je me fige soudain : « […] vous êtes féminin […] »… (Alors qu’il ne fait jamais la faute…)

Il s’aperçoit bien sur que je me décompose, et demande, (conscient que ça vient probablement de ce qu’il vient de dire) : « Ais-je dit quelque chose qui vous pose problème ? »

Je le regarde et je répète sa phrase afin qu’elle lui saute au visage : « Je suis féminin ? » En insistant bien sur la faute d’accord de genre qu’il venait de commettre… Et là, il s’est trouvé tout con. Il n’a pas nié, il a presque rougi, il s’est enfoncé petit à petit à essayer de s’expliquer…

Il est entré dans un monologue tout à fait improbable et incertain dans lequel il tentait (en vain) de se justifier d’avoir dit EXACTEMENT ce qu’il ne fallait pas dire au PLUS mauvais moment.

Il a parlé pendant 5 bonnes minutes.

Eh bien non seulement je ne me suis pas effondrée, mais je me suis mise à rire d’un rire que je pensais nerveux au départ, mais qui s’est finalement avéré être un rire très sincère.

J’ai savouré de le regarder ramer dans son propre petit caca pour essayer en vain de s’en extirper. Au lieu de focaliser une nouvelle fois sur ce que cette faute d’accord impliquait pour moi, je me rendais compte à quel point lui se sentait mal de cette gaffe phénoménale, et je m’amusais sincèrement (et sans doute un peu cruellement) de le regarder tenter en vain de regrimper les marches de l’escalier qu’il venait de dégringoler en se prenant les pieds dans le tapis de la façon la plus clownesque qui soit.

J’ai ri de bon cœur à cette 3e faute d’accord, et ça m’amène donc à cette réflexion : J’ai dit plus haut ce que j’ai ressenti lorsque je me suis effondrée : « J’ai plus la force ni l’envie de chercher à changer, évoluer, progresser ou régresser. »

Mais si je recompte : 1ere faute, je m’en fous. 2e faute je m’effondre. 3e faute, je ris.

3 attitudes, 3 réactions, 3 configurations. L’élément déclencheur est toujours le même, mais la réaction diffère. Pourquoi ? Est-ce simplement du à l’environnement ? C’est peut être aussi parce qu’il n’y a sans doute même pas besoin de force ni d’envie pour changer, évoluer, progresser, ou régresser… Cela se fait naturellement au fil des évènements que nous subissons, sans qu’on s’en aperçoive forcément. Et c’est ça qui rend nos réactions et nos ressentis imprévisibles.

Même sans rien faire, même sans bouger, nous continuons de nous construire (ou de nous détruire). Le reste n’est jamais qu’une question de point de vue à un instant T d’un endroit X vers une cible Y en fonctions de milliers d’autres paramètres, et comme l’élément T varie sans cesse, (ainsi que l’influence des autres paramètres), le résultat n’est jamais le même, (malheureusement ou heureusement…)

L’hermaphrodisme déculpabilisant ?

"Pardon d'exister".

(13 juin 2010)

Je voudrais faire part d’une petite « expérience » personnelle dont le résultat m’a semblé intéressant.

J’ignore s’il y a sur ce blog des personnes intersexes ou hermaphrodites, mais si c’est le cas, un questionnement me revient souvent: La culpabilité de faire une transition induite par la notion de choix est elle édulcorée par le fait de naître naturellement hermaphrodite?

Je me suis souvent interrogée sur ce très bizarre sentiment de culpabilité que j’ai éprouvé au début de ma transition. (Et que j’éprouve inconsciemment encore parfois).

J’ai longtemps supposé qu’il venait du fait que je me voyais « faire du mal », d’une certaine façon, à mes proches… de faire pleurer ma mère, de rencontrer toute cette hostilité et cette incompréhension autour de soi dans un premier temps… de se mettre en porte-à-faux avec les principes religieux que beaucoup tiennent comme référence absolue de la « moralité » et donc du « bien » tel que la société l’attend… Par causalité, on en arrive parfois à penser qu’on fait quelque chose de « mal » dont il faut s’excuser, et dont il faut absolument se « justifier » au maximum pour espérer être simplement tolérée au mieux.

Et de quoi devrait on avoir à se justifier sinon d’un choix ?

J’ai souvent tenté d’essayer (peut être un peu hypocritement) de gommer cette notion de « choix » en ce qui concerne ma transition. Sans doute à cause de ce côté véritablement irrépressible ; de la difficulté que j’avais à réprimer cette féminité qui revenait toujours invariablement plus fort, plus vite, et plus « incontrôlable ».

Pourtant, ma transition, n’a bel et bien été qu’une série de choix.

Avec en 1er lieu le choix d’assumer mon identité.

Et partant de là, chaque fois que quelqu’un m’interrogeait sur le sujet de façon un peu agressive, je répondais sur le ton de l’excuse et de la justification… Partant dans des explications variées à peine écoutées par mes interlocuteurs qui n’avaient semble-t’il pour but de trouver des failles dans mes démonstrations, puisque je me posais en « victime ».

(Depuis que je vis full time que je lis des livres, des blogs, des articles et des forums, les choses ont heureusement changé, car il est devenu plus simple de démonter le raisonnement de mes interlocuteurs avec les raisonnements clairs qu’il m’a été donné d’apprendre à exposer à des tiers via ces différents médias utiles – et l’acquisition graduelle d’une certaine confiance en soi aide beaucoup aussi.)

Un jour, dans un bar un habitué qui m’a vu « avant » et « après » transition commence à me brancher en me demandant des explications de « pourquoi je fais ça ?» sur un ton clairement teinté de reproche.

Trop fatiguée pour discuter ce jour là.

Pas envie de jouer avec lui.

(En plus c’était visiblement un abruti notoire qui n’aurait de toute façon même pas percuté aux vannes et explications que je lui aurai balancées – trop subtiles pour son petit cerf-volant …)

Je lui ai donc simplement dit que j’étais née hermaphrodite, (ce qui est faux ; je le suis devenue suite à un choix de ma part) et que je m’habillais simplement en fonction de mon humeur.

Ça lui a cloué le bec direct, et il est allé se rassoir, après s’être presque excusé.

Il connaissait apparemment ce mot et sa signification.

Une personne née hermaphrodite ou intersexe n’a RIEN choisi de son apparence physique : Elle est née comme ça physiquement, et je me demande souvent si les personnes hermaphrodites de naissance ressentent effectivement moins ce sentiment de culpabilité qui pousse les personnes catégorisées « transgenre » « transidentitaires » ou « transsexuelles » à généralement s’excuser du choix de changer de sexe (ou du genre ou des codes vestimentaires sensés en découler), puisque ces paramètres génitaux ou caryotypes étaient déjà ambigus physiquement à la naissance ?

A travers cette expérience, j’ai eu l’impression que le fait de me prétendre hermaphrodite de naissance légitimait soudainement l’intégralité de mon attitude qui, autrement, aurait nécessité beaucoup plus d’explications pénibles et vaines.

Quant on est à la fois un homme et une femme (et de par le fait peut être aucun des deux) il me semble que quel que soit le genre dans lequel on s’inscrive, on sera plus légitime pour prouver qu’on a forcément raison (& à la fois forcément tord) de s’approprier tel ou tel genre. Alors que quand on est à la base un « homme » et qu’on choisit de changer pour devenir une « femme », les moins ouverts focaliseront uniquement sur le fait qu’on est supposées être obligatoirement illégitimes dans cette démarche. (On a donc juste le « forcément tord », mais sans le « forcément raison » qui contrebalance et annule).

Je vous fournis donc ce petit truc qui – même si ce n’est qu’un mensonge (de plus) – permet peut être d’éviter bien des discussions désobligeantes aux tristes comptoirs des bistrots.

(De rien).

😉

Libido

(14 septembre 2010)

Bon. Quelques réflexions me sont venues au sujet de la libido, ou plutôt de son absence, ou du fait qu’elle est nivelée vers le bas (chez moi). Fait que j’ai en 1er lieu attribuée à la prise d’androcur, (qui joue beaucoup) mais qui finalement, me semble également venir d’ailleurs.

…Lorsque le sujet de la libido fut abordé sur certains forums, nous en arrivâmes à la conclusion que c’est quelque chose qui se passe dans la tête, beaucoup plus qu’au niveau hormonal, d’une part, et que d’autre part au final, c’est un peu comme pour tout le reste : il suffit de « vouloir », pour « pouvoir ».

– Moui –

Donc j’en étais là, quand j’ai fini par faire le point pour moi par rapport à tout ça : Même en ayant intégré ces données, je m’aperçois que ma libido ne décolle plus du tout comme « avant ma transition » (notez que je ne dis pas « avant l’androcur »), et stagne à un niveau plutôt « bas ». Et ça me manque.

J’ai bien conscience qu’en écrivant ça, je me réfère inconsciemment à une « norme de libido acceptable » qu’il me semble que je n’atteinds plus, même si je sais très bien que chacun(e) a ses propres rythmes et sa propre intensité à ce niveau là. Je veux parler de la différence visible et remarquable entre l’ « avant » et l’ « après », alors qu’en théorie, cette différence ne devrait pas être si marquée, ni me paraître forcément gênante, puisque la libido est sois disant avant tout cérébrale, et non hormonale.

Et je me demande pourquoi ? Alors que j’aimerai (j’ai la volonté) d’avoir un peu plus de désirs et un peu plus souvent, pourquoi je n’y arrive pas ?

Et en fait j’ai réfléchi au fait qu’avant ma transition, mon coming out, et autres joyeusetés, le fait de porter des vêtements féminins, et de devoir m’en « cacher » participait très activement et puissamment à mon excitation sexuelle.

Le fait que tout ceci soit aujourd’hui revendiqué, affiché, et donc, d’une certaine façon banalisé et routinier (puisque quotidien) fait que je ne ressent plus aucune excitation d’exprimer ma « féminité », puisqu’elle n’est plus refoulée (et donc explosive) mais affichée (et donc stable). De plus, il n’y a plus la sensation de faire quelque chose d’  « interdit », de « puissant ». Ce qui était en partie un élément « fantasmatique » est (tristement) devenu ordinaire.

Pour aller beaucoup plus loin, je dirai que le fait de comprendre un peu mieux les rouages de l’identité de genre, des intolérables inégalités de traitement entre hommes et femmes (pour avoir testé cette différence), et de – donc – me retrouver soudain happée par la nécessité d’obtenir une (relative) égalité de droit des personnes, et de plus ou moins « militer » en permanence dans ce sens, fait que je ne m’inscris plus (ou disons plutôt beaucoup moins) dans les rapports de domination / soumission « homme / femme » dans lesquels je m’inscrivais inconsciemment auparavant, et dont je retirais, là encore il faut bien le dire, une certaine excitation sexuelle. Une soumission passive presque docile en est devenue intolérable, alors que c’était l’un des éléments clés primordiaux de ma sexualité.

Bref, voici mes quelques pistes de réflexion sur les mécanismes qui font que ma libido ait pu baisser autant au contact des produits mais également des idées que j’ai pu « consommer » lors de ma transition, précisément parce que ce cocktail détonnant a réussi à ébranler et modifier la psyché profonde dans laquelle mes fantasmes intimes avaient finalement toutes leurs racines.

Je ne sais pas si c’était une bonne ou une mauvaise chose… Pour moi ça me parais « mauvais », tout simplement parce que je regrette la richesse, la variété, l’originalité, et la fréquence de mes désirs « d’avant »…

Ça me dérange de ne pas parvenir à agir consciemment sur ça, de ne pas le maîtriser, et donc, de me sentir « bloquée ». Et la libido étant quelque chose qui a des répercussions sociales directes (lorsqu’on n’est pas uniquement auto sexuelle), ce problème finit par devenir également celui de mes partenaires sexuels avec lesquels je ne suis plus en phase…

La merde en somme.

Épilogue: Au final , pour celles qui, comme moi à cette période de ma vie, auraient un regret de leur libido à un moment donné, il me semble que des solutions existent peut être… (Faire le point du THS si un anti androgène y figure, essayer de « dépasser » certaines réalités idéologiques qui peuvent devenir sexuellement toxiques si l’implication personnelle est trop forte, se réapproprier progressivement certains fétichismes vestimentaires en privé, et fréquenter des gens et des milieux sexuellement « stimulants » plutôt que des gens qui finalement nous « re-castrent » le sexe et le genre par leur discours 24h/24).

Et si j’ai aujourd’hui réussi à me réapproprier ma libido perdue, il n’y a pas de raisons que les autres n’y parviennent pas.

😉

"Minou minou minou..."

De l’objectivité de nos témoignages.

(20 Février 2011).

Je me souviens d’une émission avec des témoignages sur la chirurgie esthétique (une nana qui se faisait refaire les fesses avec des implants (opération réversible) il y avait aussi un témoignage sur une rhinoplastie et une augmentation mammaire je crois.) Bref.

J’ai été frappée dans ces témoignages par le bonheur et le bien être « absolu » que l’on pouvait observer chez les personnes à la suite de ces interventions. Leur vie semblait indéniablement plus belle, et les complexes miraculeusement envolés pour toutes les intervenantes. C’est généralement le cas dans l’immense majorité des témoignages/reportages dans ce genre d’émissions.

Pourtant…

On apprend avec surprise à la fin de l’émission que l’une des participantes s’est finalement faite retirer ses prothèses de fesses quelques semaines plus tard, simplement parce que ça ne lui plaisait pas du tout finalement (contrairement à ce qu’elle avait prétendu en premier lieu devant les caméras).

Au tout début, je me suis dit : Quelle connerie : Tout ça pour ça ! Mais aujourd’hui, je trouve que ce geste (et surtout le fait d’en avoir fait part) est très sain.

Il est souvent difficile pour quelqu’un de complexé par ses seins ou son nez (comme moi par exemple), et qui va voir ce genre de témoignage, de ne pas immédiatement assimiler ces interventions à une « solution » et au « bonheur », et de donc, ne pas se mettre à désirer ces opérations présentées comme tout simplement salvatrices et presque magiques… (Je les ai moi-même désirées à un moment donné de ma vie en grande partie à cause de ça).

Les témoignages de toutes sortes contribuent donc, certes, à informer, mais également indirectement à créer le besoin d’une certaine façon. (Du moins il me semble)
Mais cette petite info si RARE qu’une des intervenantes « ravies » ne l’était plus du tout quelques jours plus tard m’avait amenée à réfléchir sur l’objectivité réelle de ces témoignages. Et c’est valable pour n’importe quel type de témoignage de chirurgie sur n’importe quel support de n’importe quel média.

Il me semble (très personnellement) qu’il y a dans ces témoignages quelque chose de déformé, de biaisé, d’exagéré ou au contraire de « non dit », mais que cet étrange sentiment rémanent de « désinformation » est finalement induit de façon involontaire de la part du témoignant, parce qu’elle vient (toujours d’après moi) de tout un déroulement inconscient complexe, mais potentiellement compréhensible.

Hypothèse :

Je pense que la rétention et la déformation d’infos s’opère par souci de « paraitre » « bien » et « normale » comme les autres, (voir « mieux » que les autres), car c’était généralement là le but de la chirurgie envisagée : Effacer un complexe, ou aller vers ce qui semble une « normalisation » (par souci de confort, d’esthétisme, de confiance en soi, ou autre) ou une « amélioration ».

Arrêtons de tourner autour du pot, et prenons sans plus attendre l’exemple des chirurgies pratiquées sur les personnes transidentitaires, puisque nous sommes sur un blog estampillé « trans ». ^^

Plutôt que de parler (dangereusement) de personnes et d’interventions que je ne connais pas, je vais me prendre moi-même comme seul exemple : Lorsqu’on me demandait ce que je pensais de mon épilation flash, (ce qui est une intervention soit disant définitive, mais « bénigne » par rapport à une mammo, une FFS ou une SRS) j’étais hyper enthousiaste aux débuts de l’apparition des résultats!

Je trouvais ça vraiment génial, parfait, et ça m’a réellement changé la vie. Pourtant, sans être complètement une technique de merde, c’est loin d’être la meilleure : C’est hyper douloureux, les brûlures et les irritations ne sont pas rares, les poils repoussent contrairement à l’électrolyse, (ce n’est donc PAS vraiment définitif, alors que c’est souvent présenté comme tel – y compris par moi, sans m’en rendre compte) et je me suis orientée vers ce choix par souci financier (alors que ça va au contraire me coûter PLUS cher qu’une électrolyse, puisque c’est récurrent) et de proximité géographique du praticien (ce qui est un argument minable et, cerise sur le gâteau, mon praticien est un tantinet transphobe ^^.)

Mais si quelqu’un me demandait « t’en penses quoi de l’épilation flash chez ce Dr. Machin », je répondais « fonces, c’est génial, moi, j’suis ravie ! » En dédramatisant nettement le négatif pour valoriser le positif, parce que j’ai trouvé ça génial pour MOI. J’incitais donc inconsciemment les autres à suivre MA voie parce qu’elle m’avait convenu, même si c’est pourtant loin d’être ce qui se fait de mieux…

Bizarrement, par rapport à quelqu’un qui cherchait à comparer, je tentais de rester objective sans vraiment y parvenir, parce que je « défendais » mon expérience positive, et que de toute façon, je n’avais – et n’ai toujours pas – la possibilité de comparer avec le laser ou l’électrolyse. (C’est-à-dire que je n’ai aucun autre point de comparaison avec d’autres techniques que celle que j’ai moi-même expérimentée)).
Un jour peut être, j’aurai un point de comparaison avec l’électrolyse, parce que rien ne m’empêche, sur ce type d’intervention, de changer de technique et de praticien au fil du temps. Mais qu’en est il sur des opérations plus lourdes aux conséquences vraiment définitives (FFS ou SRS par exemple) ?

De la même façon, lorsque quelqu’un « dénigrait » l’épilation flash du Dr. Machin, ça m’agaçait, parce que MOI j’étais passée par là, que MOI, j’avais trouvé ça bien, que MOI ça m’avait aidée, et que donc, très bizarrement c’était MOI (quelque part) que ça remettait en question.
Etrange hein ? Une sorte de complexe est apparu lorsque je me suis aperçue que je ne m’étais pas forcément dirigée vers la meilleure technique, le meilleur toubib, le meilleur rapport qualité prix, et qu’en plus on me l’a fait remarquer à très juste titre (puisqu’au bout de 16 séances, je suis toujours obligée de me raser au minimum tout les deux jours).

Et même si j’ai bien été obligée d’admettre ça (à reculons) je me suis dès lors justifiée de mon choix d’une façon très étrange : En prétendant que ça m’apportait finalement très exactement et de façon rigoureusement calculée ce dont j’avais besoin… En serinant ma satisfaction comme référence absolue. Et même si (avec un peu de dépit) j’étais forcée d’admettre l’existence d’autres solutions (potentiellement meilleures ou pires), je précisais bien qu’il s’agissait d’un choix finalement personnel, que je ne regrettais pas le mien, et que je ne voulais influencer personne… Ce qui était FAUX.

Et j’aurai exactement le même genre de comportement si je devais témoigner de mon THS (dans lequel figure (ndla: correction: « figurait » ^^  ce texte date de début 2011) le fort controversé androcur ®).

Constatation:
C’est insoutenable d’avoir à expliquer et presque « avouer » (d’une certaine façon) devant un parterre de personnes TRES attentives – dont certaines ont (ou prétendent avoir) réussi parfaitement une intervention (ou ne pas en vouloir – d’où la démarche parfaitement compréhensible que certains sites « pro chir » cherchent à exclure à tout prix les « anti chir »…) – que l’opération a eu quelques ratés, ou que c’est un échec total, ou que l’on regrette ceci ou cela… Ce sentiment presque de « honte » doit probablement s’accentuer proportionnellement et exponentiellement en fonction de la gravité, de l’enjeu, de l’espoir investi, de l’irréversibilité des interventions, ET de leur éventuel cumul ! (Et là je pense en particulier aux SRS et FFS !)

Dire qu’il y avait un « problème » avec la technique à laquelle on a eu recours reviendrait à s’insérer dans une couche supposée inférieure ou « ratée » de la fausse hiérarchie tacite qui existe non seulement entre personnes transidentitaires, mais aussi (très probablement) entre personnes « opérées ». D’où l’apparition de ce que certain(e)s (dont moi) perçoivent comme une espèce d’étrange « loi du silence ».
Faire preuve d’objectivité totale sur le négatif reviendrait à prendre le risque de s’exposer directement aux :

– « Tu étais prévenue Tu n’avais qu’à mieux y réfléchir avant! On t’avait dit d’aller voir un autre chirurgien! C’est un peu tard pour regretter » Etc.

Pour des personnes qui étaient déjà tellement fragilisées par rapport au regard et au complexe qu’ils et elles avaient de leur sexe que ça les a poussées précisément sur des tables d’opérations, ça doit être intenable d’avoir à soutenir ne fut-ce que l’éventualité de ce genre de réflexions et de jugements une fois post-op ! C’est-à-dire une fois qu’on s’est donné les moyens et qu’on s’est investis personnellement pour remédier à « ce qui n’allait pas » et qu’on ne supportait plus !
Ça serait suicidaire pour le moral de s’exposer à un jugement potentiellement négatif du résultat de l’intervention qui porte tous nos espoirs !

Car bien sur, il y a des gens qui nous soutiennent, mais il y a aussi des gens qui nous enfoncent, nous font douter, et prennent cruellement plaisir à tenter de remettre les choses en question alors qu’elles sont parfois devenues irréversibles et qu’on a déjà tout donné pour se sentir « mieux »… (Et ça pourrait s’étendre à plein d’autres domaines que la chirurgie…)

Des proches (familles conjoint(e), enfants, amis, collègues…) incompréhensifs, réticents, aigris, rancuniers, perdus, ignorants, jaloux, bêtes et méchants, et prêts à s’infiltrer dans la moindre petite faille ou le plus minuscule complexe pour faire s’écrouler l’ensemble de l’intérieur…
Et quand on est fragilisé(e), (et c’est généralement le cas à ce moment précis), il suffit qu’une seule de ces réflexions explosives fasse mouche pour voir tout s’effondrer ! (D’où la sagesse et le bon sens de faire en sorte de ne pas s’y exposer ouvertement.)

C’est aussi sans compter sur la multitude d’anonymes (« trans » comme « bios ») qui sont finalement potentiellement aussi perçue à la fois comme spectatrices et juges, (bien que nous puissions toutes un peu hypocritement prétendre le contraire).

Considérons également les jalousies/rivalités/clivages qui peuvent apparaitre entre celles qui ont toujours droit à tout gratuitement en opposition à celles qui n’ont jamais droit à rien pour de mauvaises raisons.

Rivalités également possibles entre les personnes qui n’ont tout simplement pas accès (pour différentes raisons) à la même qualité de soins (Argent, remboursement, distance, assentiment des [ prétendus ]« officiels », évolution des techniques au fil du temps, information…)

Et considérons également l’étrange ritualité inconsciente qui existe chez certaines « trans » de « bizuter » les nouvelles en les dirigeant précisément vers les souffrances (parfois devenues inutiles) qu’elles mêmes ont enduré (parce que d’autre avant elles les avaient « bizutées » de la même façon etc etc… ) Cela reviendrait à une maxime du genre : « Si j’ai souffert, tu dois souffrir aussi ; il n’y a pas de raison que tu souffres moins que moi pour obtenir la même chose (voir mieux !)». De là des dictons aussi couillons que : « Il faut souffrir pour être belle »… C’est un formatage ET un « bizutage ».

Je ne m’exclus par ailleurs absolument pas de cette logique dégueulasse : Quand ma meilleure amie a été à Paris pour faire une épilation flash des jambes et du maillot, j’ai été un peu dégoutée qu’elle n’ait strictement rien senti, du fait que les dermatos lui passaient une crème anesthésiante à laquelle je n’avais pas eu droit. Mais, une fois, elle est arrivée tellement en retard à l’un de ses RDV, qu’on ne lui a pas mis la crème qui n’aurait pas eu le temps d’agir ; Elle a souffert pour son maillot, eh bien vous savez quoi ? J’ai eu la surprise de m’apercevoir que ça m’a fait « plaisir »… Pourtant, je ne pense pas spécialement être « sadique » (et encore, je n’en sais rien), non, c’est juste qu’à travers cette souffrance que nous avions ressentie toutes les deux à égalité, l’expérience nous rapprochait. Elle comprenait par où j’étais passée, et je comprenais par où elle passait… La souffrance commune liée à la même expérience devenait un lien.

Sans oublier ce comportement typiquement « humain » qui consiste (je l’ai remarqué une fois de plus chez moi mais aussi chez certains proches) à se mettre à cracher sur ce qu’on ne peut pas obtenir – pour supporter de ne pas l’obtenir – ou d’encenser exagérément les « butins précieux » pour lesquels on s’est vraiment beaucoup battu(e)s – pour leur « assurer » encore plus de valeur.

Mais il est pourtant nécessaire de témoigner : Il s’agit aussi d’un bon moyen de partager sa joie (bien réelle) avec les autres, (parce que c’est sain, et qu’on en a besoin) tout en s’en protégeant prudemment (de ces « autres » justement) en parvenant à les convaincre de sa propre réussite (voir de sa performance !) pour avoir la paix (Car certain(e)s peuvent être anti – chirurgie, (autant que « pro – chirurgie ») et donc ne pas rentrer dans des conversations ou des débats qui pourraient anéantir le moral et la confiance en soi au plus mauvais moment.)

Joie et témoignage directement influencés par les réactions des autres intervenant(e)s, un peu comme un panneau « applause », qui se doit de provoquer l’effet attendu (et qui, généralement, y parvient), et ce, dans les deux sens : témoin / « public » et « public » / témoin ; la joie du témoin provoque l’empathie, l’admiration, voir l’impatience du public et l’enthousiasme du public qui accentue la joie du témoin etc…
A la télévision, cela correspondrait peut être à l’habillage de l’émission (la musique de fond, les extraits de vie sélectionnés et mis en avant, le montage, les réponses aiguillées par la teneur des questions et inversement…)

Comment être parfaitement objective dans son témoignage avec une pression pareille ? D’après moi, c’est impossible (ou très difficile).

A mon avis, (supposition personnelle sur une intervention hyper lourde) une fois qu’on se réveille avec un néo-vagin à la place du pénis, on doit sans doute se mettre à réfléchir à fond ! Les questions et les ressentis (positifs, négatifs, ou les deux…) doivent fuser de partout ! Et ce, même si on était parfaitement sur(e) de sa décision et de son choix avant ! (Ou non…) Ou peut-être au contraire préfère t’on aussi se forcer à ne surtout plus se poser la moindre question. (Je n’en sais rien…)

Donc dire : « Tout va parfaitement bien, tout est parfait et génial » évite NORMALEMENT d’avoir à se justifier de quoi que ce soit auprès de qui que ce soit ; et c’est probablement aussi un système d’auto-défense conscient ou inconscient, pour se motiver à se convaincre (et s’auto-persuader soi même) qu’on ne regrette finalement rien, et ce, que ce soit vrai ou faux…

C’est une façon saine et sans doute efficace de se renforcer de l’intérieur je présume, et donc de « récupérer physiquement et moralement » de l’opération : « Positiver » à fond.

Sauf que ça influe inévitablement sur l’objectivité de ce qui peut être potentiellement amené comme un témoignage personnel (genre blog/journal intime), mais qui va être aussi reçu, recherché, utilisé et interprété par d’autres comme une information primordiale, de laquelle peut découler le choix vital de nombre d’autres personnes.

De là, comment voulez vous qu’une nouvelle qui débarque et qui lit ce genre de témoignage d’explosion de joie (et d’encouragements et d’applaudissements du public en délire, qui conditionne finalement encore plus les témoins à en rajouter des couches et des couches) n’associe pas immédiatement la chirurgie au bonheur et à la quintessence de ce qui sera le changement « positif » de sa vie ? Un but. Un autre formatage, une étape obligatoire de sa transition ?

C’est AUSSI comme ça qu’on provoque le besoin de chirurgies, alors qu’on prétend faussement (moi la première) s’ériger contre toute forme de formatage à « ça ».

Ce qui fait qu’au final, ces témoignages personnels sont imbibés de pleins d’intéressants ressentis pourtant très contradictoires (pour qui sait lire et interpréter), et ça me semble normal dans la mesure ou le « rapportage » des évènements est finalement aussi partial que partiel et surtout personnel, mais qu’il suit un « fil » déformant logique.

Ce qui pose problème à certaines personnes précisément désireuses d’informations fiables et objectives, c’est qu’aucun témoignage ne semble donc 100% crédible au final.

On a l’impression récurrente d’une « rétention d’information », ou d’une « exagération du bien être » par moment, qui font que le témoignage semble totalement et étrangement biaisé. (Et c’est à mon très humble avis, effectivement le cas).

L’enjeu du témoignage est donc énorme. (Enfin, il me semble….) Rien à voir avec le fait de faire la critique d’un produit ou d’un service quelconque (genre faire la critique d’un resto, d’un yaourt, ou d’un ordinateur…)

Parce que là, ce n’est pas juste des euros qui sont mis en jeu, mais bel et bien son corps, son genre revendiqué (éventuellement son sexe), et sa vie sociale entière qu’on a risqués et mis dans la balance.

Ce n’est donc pas juste d’un chirurgien ou d’une technique opératoire dont on fait la critique ; on fait aussi sa propre autocritique en prime (sans qu’on ait forcément l’envie – ou la force – de la faire ou de la refaire à ce moment précis).

Donc, c’est certainement plus dur d’être parfaitement objectif pour des gens qui ont été potentiellement complexés par leur sexe (et qui peuvent par ailleurs le rester encore longtemps) et qui viennent de s’en éloigner – voir d’en changer – POUR se sentir mieux.

Ils et elles ne vont certainement pas prétendre (du moins au début) que quoi que ce soit ait pu clocher ; l’enjeu inconscient personnel et intime de témoigner trop objectivement sur ça est trop important. (Ainsi que les répercussions supposées ou réelles à ces mêmes niveaux)…

Et il faut sans doute un peu de temps et de recul pour commencer – plus tard – et plus franchement – à ouvrir la bouche sur ce qui n’allait pas et ce qui allait bien. Le temps d’avoir récupéré moralement, physiquement, et de s’être (peut être aussi) décomplexé(e) de l’ancien corps problématique dont on peut mettre plus ou moins longtemps à s’affranchir.

Je terminerai donc sur cette piste de questionnement : Pensez vous que les témoignages, qui, si ils sont une très bonne chose en soi, (puisqu’ils constituent une sorte d’auto-motivation et un tremplin d’entraide et de soutien ET d’auto-soutien) ne constituent pas également un des fondements principaux d’un formatage au BESOIN de chirurgie chez les autres à travers l’information biaisée qu’ils diffusent, sans forcément apporter d’information nouvelle et objective à celles qui en ressentent déjà le besoin ?

Je précise que je ne souhaite nullement dénigrer ou remettre en question ni aucun témoignage, ni la nécessité de témoigner ; il s’agit juste d’un questionnement sur les ficelles internes qui nous poussent à souvent témoigner de la même façon biaisée, en suivant les mêmes effets logiques de causalité qui peuvent s’avérer à la fois hyper bénéfiques pour le témoignant et éventuellement néfastes pour d’autres.

Je précise également que depuis que je lis des témoignages « à chaud » (par exemple sur des blogs ou sur des forums), je n’ai lu que deux ou trois personnes ouvertement critiques et très négatives envers leur propres SRS ou FFS…

Même dans des bouquins genre « Le saut de l’ange », ou « Je serai elle » (où les autrices ont donc eu le temps de cogiter sur l’objectivité de ce qu’elles allaient présenter comme un témoignage), certains côtés négatifs de la « transition » sont clairement mis en avant, mais SURTOUT pas le côté chirurgical. (Alors que ces bouquins datent respectivement de 1987, et de 1984, et que dans le second, Sylviane Dullak se charcute elle-même sous anesthésie locale – puisqu’elle est toubib, si mes souvenirs sont bons)…

Voila, ça me paraissait intéressant d’écrire un article sur ça.

J’ai présenté tout ça sous forme d’une espèce de « démonstration » émaillée d’exemples pour illustrer et étayer mon propos qui est juste la base d’une éventuelle réflexion à amorcer (pour celles et ceux que ça intéresserait) et qui ne se pose certainement pas comme une « analyse finie » ou une conclusion en soi. (Contrairement à ce que la forme et le ton pourraient très certainement laisser croire).

Et ce dernier paragraphe relançant à merveille le fond de la problématique, je n’ajouterai rien d’autre.

"Ma transition? C'était super!" T_T